Lio, Laurent Lucas, Jean-Claude Dreyfus
Dans la vie, l’homéostasie conduit à l’harmonie. Il est donc normal que, si le magazine « Positif » du mois de juin 2008 consacre un dossier au « Sublime à l’écran », le cinéma soit assez généreux pour générer des films susceptibles de fournir un pendant au sublime : l’exécrable.
Non pas n’importe quel exécrable mais celui qui, comme ledit sublime, relève de l’illimité et de l’irreprésentable.
Celui qui en sortant du cadre formel ou d’un cadre (idéologique, narratif, moral, politique …) témoigne d’un l’infini.
Dans « Le prince … » le cadre est posé comme religieux (*) : Dieu et Satan ont-ils besoin l’un de l’autre ?
A partir de ce questionnement tellement rigolo en raison de son non sens pour les athées (qui ne croient ni en Dieu ni au Diable), Gomez va imaginer une intrigue foutoir dans laquelle, comme dans un tableau de Jérôme Bosch, vont se croiser des monstres. Un curé, une nymphomane et un psychiatre.
Chacun porteur d’une bizarrerie tellement caricaturale que le spectateur, s’il ne quitte pas la salle
furieux qu’on le prenne pour un idiot, ne peut que se tordre de rire ou s’assoupir d’ennui devant le « happening » sans queue (quoique…) ni tête que constitue cette histoire satanique, sadomasochiste. Inspirée d’un fait réel et sordide qui s’est passé dans le Nord de la France - « Malvenue à Sainte Urulle » - au début des années 1950.
Histoire qui n’a de transgressif que son mauvais goût, le piètre jeu de des acteurs et je m’en foutisme débonnaire d’un Jean-Claude Dreyfus qui semble avoir fait vœu de prendre son pied quoiqu’il arrive.
De longues et sérieuses interviews de Laurent Lucas et de Manu Gomez sont en lecture sur le site de Cinergie ( www.cinergie.be ).
Elles rendent à merveille cette réalité tellement belge : le sentencieux n’est jamais loin de l’involontaire cocasse. (m.c.a)
(*) Un religieux qui n’a rien de commun avec l’époustouflant et flamboyant « The devils » de
Ken Russel.