Les brèves des Festivals

LE PALMARES ET BREF RETOUR SUR LES FILMS PROJETES

10 octobre 2014
LE PALMARES ET BREF RETOUR SUR LES FILMS PROJETES

 

Le 29ème Festival International du Film Francophone de Namur
s’est tenu du 3 au 10 octobre dernier. Le FIFF s’est démarqué, cette année
encore, par la quantité des films programmés (156 films dont 77 longs métrages
issus de toute la Francophonie) et par la place accordée aux jeunes talents. En
faisant la part belle à la projection de courts-métrages et à l’organisation de
différents ateliers visant à mettre en présence débutants et professionnels
aguerris, le FIFF se profile ainsi non seulement comme un vecteur culturel mais
aussi comme un catalyseur d’échanges. Bref retour sur le palmarès et sur les
films que nous avons eu le plaisir de découvrir.

Les grands vainqueurs : un tiercé où il y a photo

Timbuktu , Mommy et Melody : tel est le tiercé gagnant du Palmarès 2014 dans la
catégorie longs-métrages. D’un point de vue purement arithmétique, Timbuktu , film d’Abderrahmane Sissako (Mauritanie
/ France) et Mommy de Xavier Dolan
(Canada) arrivent ex aequo en remportant chacun trois prix. Timbuktu remporte le Bayard d’Or du
Meilleur Film, le Bayard d’Or du Meilleur Scénario et le Prix du Jury
Junior ; Mommy se voit
consacrer pour sa photographie et le talent de ses acteurs : André Turpin
reçoit le Bayard de la Meilleure Photographie, Anne Dorval et Suzanne Clément
se partagent le Bayard d’Or de la Meilleure Comédienne, et Antoine-Olivier
Pilon remporte le Bayard d’Or du Meilleur Comédien. Entre la fougue géniale d’un
jeune cinéaste et la sagesse d’un réalisateur brillant d’humilité, le jury
admet à travers son Palmarès le choix cornélien auquel il a été confronté en
tâchant de départager deux films qui font, tous deux, preuve d’excellence dans
deux registres totalement différents. Entre l’émotion et la raison, Le jury a
tranché et a fait un choix politiquement assumé en décernant le Bayard d’Or à Timbuktu . D’aucuns n’ont pas manqué de pointer
l’incohérence de ce choix eu égard à la noblesse des prix décernés à Mommy (film déjà considéré par beaucoup
comme LE film de l’année). N’oublions toutefois guère que la Culture a été de
tout temps un vecteur politique déterminant et qu’il est aussi dans les prérogatives
d’un festival d’ouvrir le plus largement possible son kaléidoscope
cinématographique et de promouvoir des films dont l’aura pourrait toucher un
public situé au-delà des cinéphiles avertis… En tous cas, une chose est
sûre : ces deux films remportent l’adhésion totale de CinéFemme. Mommy (sorti le 8 octobre dernier) a
déjà fait l’objet d’une chronique sur notre site , et vous pouvez
également découvrir dans notre rubrique 
« Interviews » le compte rendu de l’entretien qu’Anne Dorval nous a accordé dans le
cadre du FIFF. Timbuktu figurera
également dans nos prochaines chroniques (dès sa sortie en décembre) et sera
projeté en Coup de Cœur par CinéFemme le 16 novembre prochain.

Cliquez
ici pour visionner les bandes annonces de Mommy et de Timbuktu

Melody , film du réalisateur
belge Bernard Bellefroid, tire également son épingle du jeu avec distinction en
recevant le Prix Cinevox et le Prix du Public Long Métrage Fiction – Ville de
Namur. Film pudique qui aborde la question de la filiation mère-fille au
travers de l’histoire d’une mère porteuse et d’une mère
« commanditaire », Melody
se distingue par sa retenue émotionnelle et sa très grande sensibilité. Porté
par un duo d’actrices qui s’est déjà vu décerner le prix d’interprétation
féminine au dernier Festival de Montréal, Melody
a l’intelligence de ne jamais porter un regard critique sur le sujet éthique de
la mère porteuse en préférant explorer la relation complexe qui se noue entre
deux femmes tantôt rassemblées tantôt opposées dans la maternité. Melody devrait sortir en mars 2015 et
figurera en bonne place dans nos chroniques avant le printemps 2015. Ayant eu
la joie de rencontrer Lucie Debay, la jeune actrice qui incarne le rôle-titre
de Melody , vous aurez également le
plaisir de lire notre interview.

(Découvrez le Palmarès dans son intégralité dans notre rubrique « News »)

Les autres films qui méritent le
détour

Les Souvenirs : une jolie comédie aux accents nostalgiques

Adapté du livre éponyme de David Foenkinos, Les Souvenirs , réalisé par Jean-Paul Rouve, rassemble un casting de
choix qui ne déçoit guère (Annie Cordy, Michel Blanc, Chantal Lauby, Jean-Paul
Rouve, Mathieu Spinosi…). « Quand le présent n’avance plus, il faut remettre
de l’essence dans le passé », déclare un pompiste philosophe, et c’est
sans doute de cette petite phrase que découle la résolution des difficultés
auxquelles sont confrontés les protagonistes de cette agréable comédie. Certes,
certaines situations sont convenues ou prévisibles, mais celles-ci n’entachent
en rien le charme comique de ce film qui eût l’effet d’une réelle bouffée d’air
frais dans le cadre du FIIFF, eu égard aux nombreux films durs, émouvants ou sombres
présentés en compétition.

Le Beau Monde : une romance brodée avec intelligence

Le Beau Monde est une romance
absolument charmante qui fera fondre les cœurs d’artichaut. Distillant avec
subtilité le sel de l’intelligence sensible, Julie Lopes Curval tisse, avec
délicatesse, la relation amoureuse qui se noue entre deux jeunes êtres issus de
milieux sociaux différents. Certes, le sujet n’a rien de très neuf, et la
tonalité romantique du film n’est pas sans rappeler Pas son genre de Lucas Belvaux. Cependant, sa réalisatrice (qui a
remporté la Caméra d’or au Festival de Cannes en 2002 pour « Bord de
mer ») évite habilement la caricature de la dichotomie en octroyant à ses
deux protagonistes un juste partage des richesses dont ils peuvent chacun se
prévaloir. Alice, jeune fille en fleur, issue du milieu ouvrier, passionnée par
la broderie et le travail de la laine, pose un regard contemplatif sur ce beau monde
auquel appartient Antoine, tout autant que ce grand garçon gâté s’évertue à rejeter
les conventions bourgeoises qui l’ont façonné et se permet le luxe de s’extasier
sur la beauté photographique d’une HLM. Mais au-delà de la romance, Le Beau Monde fait aussi figure de
parcours initiatique pour ce jeune couple au sein duquel la création artistique
sert de fil d’Ariane à la construction de soi. Ce sera notamment pour Alice,
bercée par la musique de Françoise Hardy Même
sous la pluie
, de mettre à l’épreuve son originalité créative et sa naïveté
d’amoureuse transie au travers du mythe féminin de l’Attente, telle Pénélope
guettant patiemment le retour d’Ulysse. Ici c’est, fort à propos, la Tapisserie
de Bayeux, dite Tapisserie de la Reine Mathilde, qui sert de toile de fond
symbolique au motif de l’attente. Un seul regret : qu’Alice ne se sèvre
pas plus énergiquement de sa dépendance affective, ce qui aurait permis au film
de gagner en efficacité en écourtant sa fin.

Les héritiers : un film à l’intérêt pédagogique certain

Tiré d’un fait réel , Les Héritiers
raconte l’histoire d’une prof d’histoire qui décide de faire participer sa
classe la plus faible au Concours national de la résistance et de la
déportation. C’est sur fond de fracture sociale, de mixité culturelle et
religieuse, d’antagonismes humains desquels la violence physique et verbale
n’est guère exclue, que ce groupe d’élèves difficiles se réunira et découvrira
ce qui fait la bassesse tout comme la valeur de l’humanité. Ce film n’exclut
pas les clichés du genre mais force est de constater que sa portée pédagogique
est non seulement intéressante mais demeure également très utile. Abordant simultanément
la Shoa et la difficulté du vivre ensemble comme celle de se construire, Les Héritiers fait doublement résonner
les paroles imputées à Paul Éluard : « Si l’écho de leurs voix faiblit, nous périrons ».

À vous de juger

Tu dors Nicole : une rêverie somnambulique et surréaliste

Troisième long-métrage du québécois, Stéphane Lafleur, Tu dors Nicole s’est vu décerner une Mention par le jury, notamment
pour son côté absurde. Tu dors Nicole ,
film en noir et blanc à la photographie particulièrement soignée, explore
l’ennui et l’oisiveté à travers les déambulations de son héroïne, une jeune
femme de 22 ans, restée seule dans la maison parentale. C’est avec nonchalance
et indolence que Nicole remplit la vacance de ses journées : elle tue le
temps avec son amie Véronique en attendant de partir en Islande, elle trie des
vêtements dans une friperie en ne manquant pas de faire sa petite sélection
personnelle, elle se profile comme la Queen du bord de pantalon, elle essaie de
fuir les avances d’un gamin dont la voix a précocement muée (l’absurde est ici
irrésistible !)… Lorsque son frère envahit la maison avec son groupe de
rock pour tenter d’enregistrer un morceau de musique, c’est un petit soubresaut
dans la torpeur estivale. Mais cette bruyante intrusion fera-t-elle chavirer
l’univers routinier de Nicole ? À vous de guetter l’instant qui fera
sens ! Funambule somnambulique, suspendue au-dessus du vide du quotidien,
Nicole progresse avec lenteur sur le fil tendu de l’absurde et de la
surréalité, et emmène d’une main molle le spectateur qui le veut bien. Si
d’aucuns succomberont au charme de cette chronique qui distend les fils de
l’onirisme et de la quotidienneté, d’autres risquent, par contre, de se laisser
gagner par la fatigue ou l’ennui propre à Nicole.

Que ta joie demeure : une photographie kafkaïenne sur le Travail ?

Le Travail est-il, comme son sens premier l’indique*, une aliénation, ou au
contraire un moyen d’accomplissement, un chemin vers la liberté ou un mythe
conduisant à la tranquillité. Dans ce film-essai, chaotique, frisant parfois
l’absurde, Denis Côté interroge, de manière allégorique et ambivalente, le sens
et la nécessité du travail. Bien que se défendant de tout militantisme, le
réalisateur a opté pour une immersion au cœur des métiers industriels, et ce
faisant, il fait inévitablement et volontairement pencher la balance du côté
« cliché » de la pénibilité du travail. Convoquant (malgré
lui ?) Aristote, Hegel, Marx ou Arendt sur la signification du travail, Que ta joie demeure risque de ne susciter
un intérêt que chez les philosophes du cinéma ou chez les cinéphiles avertis.

* Étymologiquement, le mot travail est issu du latin médiéval tripal i um « instrument de torture »
ou « outil pour immobiliser les animaux.

Vie Sauvage : pour les soixante-huitards nostalgiques ?

Tiré d’une histoire vraie, Vie
Sauvage
retrace la cavale de onze ans de Philippe Fournier, dit Paco, et de
ses deux fils, à travers la France. Okysea et Tsali Fournier ont 6 et 7 ans
lorsque leur père décide de ne pas les ramener à leur mère, qui en avait
pourtant obtenu la garde. Animé de l’idéal de faire vivre à ses enfants une vie
proche de la nature et éloignée des dérives de la surconsommation, Paco
parviendra à déjouer, pendant plus de dix ans, une inlassable traque policière en
cachant ses fils sous différentes identités et en menant une existence nomade
en marge du modèle social dominant. Un cauchemar au-delà des mots pour une mère
épuisée, qui a décidé de ne plus adhérer à un mode de vie célébré par le père
de ses enfants, et qui recherchera inlassablement le fruit de ses entrailles.
Bien que le film s’efforce de ne pas prendre parti pour l’un ou l’autre parent,
son réalisateur a fait le choix de concentrer son sujet sur la cavale et la
clandestinité du père et de ses enfants, en ne faisant apparaître la mère qu’à
des moments de climax. Globalement, peu de choses peuvent être reprochées à Vie Sauvage : la réalisation est
bien maîtrisée, les images sont belles, les acteurs sont tous convaincants, les
ellipses sont efficaces et renforcent le débat que peut susciter le film, mais
l’on peut toutefois se demander s’il n’accuse pas un déséquilibre dramatique en
n’investiguant pas plus le manque maternel éprouvé par les enfants et la
déchirure provoquée par ce divorce pour le moins tragique.

Bons débuts

Être : un bon téléfilm

Des hommes et des femmes, des jeunes et des moins jeunes, claustrés dans un
quotidien dont ils rêvent de s’échapper. Des destins qui, en vingt-quatre
heures, se croisent avec bonheur ou malheur, des rencontres qui changent des
vies un peu ou beaucoup. Tel est le film mosaïque auquel se livre Fara Sène
pour son premier long métrage. Certes, l’idée de ce film chorale défend
honorablement son ambition, et certaines scènes sont touchantes, mais
globalement, Être demeure du niveau
d’un bon téléfilm.

L’année prochaine : un film qui parlera aux adolescentes

Le passage de l’adolescence à l’âge adulte, les amitiés amoureuses, les
grandes espérances et les grosses déceptions, les rêves de grandeur et
l’apprentissage de l’humilité… tels sont les thèmes qu’aborde Vania Leturcq
dans son premier long-métrage. La densité du propos est menée avec efficacité
et parlera assurément aux jeunes adolescentes, les personnages sont bien campés
(notamment par la charismatique Jenna Thiam), le rythme est de la partie… Si
l’on fait fi de de certaines situations prévisibles, la jeune réalisatrice
signe un premier film tout à fait convaincant.

Adios Camen : Olla à un premier film !

Été 1975, dans une petite bourgade du Riff marocain, ancienne colonie
espagnole, Hamid, un jeune garçon de 10 ans, vit avec sa mère veuve, Zahia, et
un oncle aussi violent que despotique. Contrainte d’abandonner son enfant sous
la pression d’un mariage arrangé par son frère, Zahia quitte le Maroc pour
rejoindre la Belgique. Livré lui-même, délaissé et violenté par son oncle, malmené
par les petits caïds du quartier, Hamid retrouve un peu de réconfort et de chaleur
maternelle dans les bras de Carmen, qui a fui, avec son frère, Juan, la guerre
civile espagnole. Tous deux vivent dans le même immeuble que lui et travaillent
dans un cinéma : elle est ouvreuse, lui est projectionniste. Grâce à la
complicité de Carmen, Hamid découvre le grand écran. Devant les films hindis
qu’il découvre avec jubilation et revoit à répétition, Hamid rit, pleure, et
échappe, quelques heures durant, à la dureté de sa vie. Largement inspiré de la
vie de son réalisateur, Adios Carmen mêle plusieurs histoires, et a le
mérite d’évoquer en toile de fond, l’immigration espagnole au Maroc, un sujet
peu abordé. Sans être un chef d’œuvre, Adios
Carmen
est un premier long-métrage particulièrement abouti, qui s’est fait
notamment remarquer dans trois festivals marocains ainsi qu’au Cameroun et à
Dubaï.

Bouboule : de l’humour, enfin un peu d’humour

Les comédiens comme les réalisateurs le savent bien : il est toujours
plus facile de faire pleurer les gens que de les faire rire. Bouboule y parvient ; certes, sans
nous faire pleurer de rire, mais la gageure mérite d’être soulignée car son
réalisateur suisse, Bruno Deville, manie l’humour avec légèreté pour aborder la
question de l’obésité morbide chez les jeunes. Sans ambition édifiante, Bruno
Deville évoque aussi, sans jamais alourdir gratuitement son propos, la
violence, le racisme, la carence affective et la construction de soi. Original
en comparaison des films sélectionnés dans la catégorie « Premières œuvres
de fiction », Bouboule fût une
réelle bulle de fraîcheur ! Bouboule
a remporté le prix d’encouragement pour le meilleur film suisse au 10ème
Zurich Film Festival. L’on notera également que la musique a été composée par
Matthieu Cheddid.

Il y a de l’idée mais…

Tokyo Fiancée : Amélie, certes, mais pas Poulain

Présenté en film d’ouverture du FIFF, Tokyo
Fiancée
de Stefan Liberski ne manque ni de charme ni de poésie mais aucune
secousse sismique ne parvient à faire de ce film un réel tsunami
cinématographique. ( Lire notre chronique à ce sujet )


L’Oranais : un film qui ne sort pas du maquis

Le sujet du film ne manque pas d’intérêt : la reconstruction de l’Algérie
au lendemain de sa guerre d’indépendance, vue à travers les yeux de deux amis
qui évolueront différemment. Malheureusement, le film piétine à répétition et s’éloigne
de son sujet en s’embourbant dans des scènes gratuites et inutilement
dramatisées. Si Lyes Salem est tout à fait convaincant, on ne peut guère en
dire autant de Khaled Benaïssa dont le ton accuse bien trop souvent fausses
notes et surjeu.

Respire : un Lune de Fiel ,
version téléfilm de série B

Une amitié amoureuse dévastée par le feu de la passion et consumée par un
fiel pervers, ainsi peut se résumer en quelques mots le film de Mélanie
Laurent. Le duo des deux jeunes actrices (Joséphine Japy et Lou de Laâge) est
certes bien dirigé mais l’ensemble du film est à l’image du rôle incarné par
Isabelle Carré, celui d’une femme complètement éteinte.

No comment, ou presque…

Alléluia : la projection d’un fantasme masculin éculé

Thriller faussement psychologique, adaptation libre d’un fait divers qui
s’est déroulé aux Etats-Unis entre 1947 et 1949, Alléluia tente péniblement d’explorer, à la limite du gore, la
sauvagerie d’un couple d’amants diaboliques. Prévisible autant qu’improbable,
le scénario manie l’incrédibilité avec virtuosité. Récompensé du Méliès d’Or
pour le meilleur film fantastique européen, on ne doute en effet pas du côté
fantasmagorique du film : entre un gigolo qui, tel Zeus, s’imagine,
pouvoir faire tomber toutes les mortelles, et une femme naïve et énervante qui
se mue en furie écœurante et sauvagement jalouse, Alléluia est un vrai Calvaire pour le bon sens.

Métamorphoses : ou comment transformer Ovide en navet

Exercice de style gratuit, ce film (qui n’est pourtant pas une première
œuvre) avait pour ambition de s’inspirer des Métamorphoses d’Ovide. Résultat : des fables sans queue ni
tête où son réalisateur transforme la mythologie latine en un grand club de
naturistes. Une vache n’y retrouverait pas son veau tant la confusion des
genres règne en maître. Pour peu, ce film nous en aurait presque fait perdre
notre latin.

The Japanese Dog : un film qui passe à côté de son sujet

Dans son synopsis, le réalisateur annonce la chronique d’une réconciliation
entre un père et son fils. Heureusement que le sujet était précisé car
l’arrivée du fils prodigue intervient après une longue attente de quarante
minutes durant laquelle on assiste, dans un environnement bucolique, aux
déplacements d’un vieil homme qui a tout perdu suite à une inondation… La
réconciliation prend grosso modo une quinzaine de minutes et l’heureux épilogue
est réglé en deux coups de cuillère à pot.

Lombraz Khan : de quoi casser du sucre

Ce n’est point une carte postale des plages paradisiaques de l’île Maurice que
le réalisateur et producteur mauricien, David Constantin, nous adresse mais
bien la cartographie sociale d’ouvriers qui assistent impuissants à la
fermeture du moulin à sucre où ils ont toujours travaillé. Certes, l’initiative
a le mérite de dévoiler le visage sombre d’une île dont les paysages font
souvent rêver mais le traitement de son sujet est loin d’être innovant.

L’éclat furtif de l’ombre : un film à l’éclat furtif sans l’ombre d’un
scénario

Le titre est poétique et prometteur, les idées sont là, l’intention est
bonne, la photographie ne manque ni de soin ni de recherche, mais l’absence
d’un solide scénario paralyse regrettablement des personnages qui auraient pu
avoir une consistance intéressante.

( Christie Huysmans )