Matthias Schoenaerts, Adèle Exarchopoulos, Eric De Staercke, Jean-Benoît Ugeux,...
Quand Gino (Matthias Schoenaerts) - dit Gigi - rencontre Bénédicte (Adèle Exarchopoulos) - surnommée Bibi -, une jeune pilote de course, c’est la passion immédiate. Mais Gino n’est pas celui qu’il prétend être. Au lieu de travailler dans l’import-export de voitures, Gigi et sa bande s’adonnent à des braquages. Dans ce climat de danger, Gigi et Bibi vont devoir lutter pour être ensemble.
Avec Le Fidèle (2017), Michaël R. Roskam signe son troisième long métrage après le succès de Rundskop (2011), nommé à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, et The Drop (2014), son incursion dans le cinéma américain. Pour l’occasion, il retrouve Matthias Schoenaerts, son acteur fétiche, et l’équipe technique de Rundskop (2011). Le mois dernier, le film a été présenté au Festival de Venise et au Festival de Toronto et il a été choisi pour représenter la Belgique aux Oscars.
Basé sur l’univers des gangs belges des années 1990 et 2000 et les amours tumultueuses de leurs membres, Le Fidèle (2017) puise ses inspirations quelque part à la croisée du polar et du drame romantique. Présenté par le réalisateur comme l’enfant qui serait né de la rencontre entre Heat (1995) de Michael Mann et Un homme et une femme (1966) de Claude Lelouch*, le nouveau film de Michaël R. Roskam se perd dans ses références et dans sa volonté de mêler différentes tonalités, ce qui enferme le film dans des codes qu’il ne transcende jamais totalement, la faute à une écriture approximative et à un montage brouillon.
À l’écran, le résultat n’est pas honteux, Michaël R. Roskam filme bien, les scènes d’action - trop rares - sont bien exécutées, notamment celle du convoi tournée en temps réel et en un plan sans coupure. Mais, les rebondissements dramatiques, souvent forcés, cassent le rythme d’une œuvre déjà malmenée par une construction narrative - en chapitres - maladroite et par des dialogues qui manquent de subtilité. En voulant rendre compte de la diversité linguistique et sociologique de Bruxelles et de ses alentours, les scénaristes ont appuyé le trait au point de rendre certains dialogues - répétés en français et en néerlandais - risibles.
La romance, quant à elle, se laisse bercer par le potentiel glamour du duo Adèle Exarchopoulos/ Matthias Schoenaerts tout comme le scénario se repose sur le charisme de ses interprètes. Matthias Schoenaerts investit très bien son charme et sa fragilité pour faire de Gino un gangster élégant et dévoué à celle qu’il aime, tandis qu’Adèle Exarchopoulos, toujours magnétique, donne un corps et une voix - souvent en réponse à des hommes qui lui disent quoi faire et lui parlent comme à une enfant - puissants à Bibi. Elle confère une dignité à un personnage pourtant enfermé dans un schéma sacrificiel au nom d’un amour inconditionnel. Le traitement du personnage de Bibi nous amène d’ailleurs à nous demander pourquoi le film s’appelle Le Fidèle et pas La Fidèle ou, au moins, Les Fidèles.
Au final, le film déçoit parce qu’il n’arrive jamais à mettre en valeur le talent des gens investis dans sa production. Par bribes, Le Fidèle montre le meilleur de son réalisateur, de Matthias Schoenaerts et d’Adèle Exarchopoulos, mais il ne parvient pas à laisser une impression forte sur sa longueur, en raison notamment d’une dernière partie complètement ratée qui aurait pu être coupée au montage. La séquence finale, sans être une mauvaise idée en soi, se heurte à un mur : on a vu récemment ce procédé utilisé de manière bien plus viscérale dans le Personal Shopper (2016) d’Olivier Assayas.
Katia Peignois
*Cf. Le dossier de presse du film.