Sarah-ane Sauvegrain, Eulalie Juster, Mahault Mollaret
Comme dans une fable de La Fontaine dans laquelle Maître Renard est alléché par l’odeur d’un fromage, le cinéphile peut être lui aussi leurré par une critique - en l’occurrence celle d’Isabelle Regnier dans « Le Monde » du 13 octobre 2010 - rattachant « La vie au ranch » à la lignée
« des films de filles qui placent celles-ci non comme objets de désirs mais comme des sujets actifs, désirant, conquérant, reléguant les garçons au rang d’accessoires ».
Imaginez la déception face à tant de minutes de bavardages la plupart du temps incompréhensibles parce qu’inaudibles, d’incessantes entrées et sorties de cadre juste motivées par la nervosité des héroïnes.
De cigarettes allumées et aussitôt éteintes, de sorties en boîte, de dragues, de prétentions où entre (ou pendant) deux saouleries on parle business plan et cinéma coréen.
Même si l’on se doute que ce torrent de paroles est destiné à s’épuiser parce qu’il intenable sur la longueur - on ne fournit pas de remèdes anti migraine à l’entrée de l’Arenberg.
Mais surtout parce qu’on comprend très vite que ces papotages et déambulations de poules (sans jeu de mots…) étêtées, ne font qu’essayer de recouvrir d’une pellicule (illusoire) de sens le vide et l’angoisse de ces jeunes femmes à l’aube de leur vie d’adultes.
Malgré cette circonstance explicative et atténuante, la plupart des rares spectateurs qui étaient dans la salle de projection ont dû, pour rester dans l’état d’esprit de ces demoiselles qui semblent considérer qu’un français châtié est une forme de ringardise voire d’entrée dans le rang, estimer que tout ce cirque craignait et fatiguait .
Et que pour y échapper, il n’y avait que deux issues.
S’endormir ou partir.
J’ai choisi la seconde. (mca)