Sans intérêt
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LA PERSONNE AUX DEUX PERSONNES

Nicolas Charlet & Bruno Lavaine (France 2008 - distributeur : Cinéart)

Marina Fois, Alain Chabat, Daniel Auteuil

87 min.
25 juin 2008
LA PERSONNE AUX DEUX PERSONNES

Il y a des films qui ne suscitent aucun sentiment particulier. Ni joie ni amertume de les voir vus.

Ce sont de films-absents. Qui n’apportent rien et n’enlèvent rien à la vision du monde qui était celle du spectateur avant leur projection.

Comme un encéphalogramme, ils sont plats. Ils se situent dans ce qu’Olivier Cena, dans sa chronique consacrée à l’exposition Peter Doig qui se tient au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris jusqu’au 7 septembre, appelle des réalisations qu’ « aucun mystère, aucune flamme, aucune ferveur n’habite …et c’est peut-être ce confort rassurant, se situant à l’opposé de l’art, qu’apprécient » ceux pour qui le cinéma est avant tout un objet de consommation.

Gilles et Jean-Christian ne se connaissent pas. Leur unique rencontre, un accident d’auto, cause la mort du premier, chanteur ringard qui a connu le succès dans les années 1980 (*) et les problèmes du second, comptable passablement coincé et névrosé.

Dont le corps va devenir la niche de la réincarnation de Gilles.

Le cinéma s’est souvent intéressé aux personnalités duelles ou multiples (**) sur le ton de la tragédie ou du drame

Ici c’est le mode de la « vis comica » que les réalisateurs choisissent de privilégier (***) en portant leur intérêt sur la nécessaire entraide de deux cohabitants qui a priori n’ont rien en commun.

Entraide qui prendra vite les couleurs d’une vulgarité que seules l’indulgence ou la fatigue de la fin de semaine peuve trouver désopilante.

Alain Chabat disparaît très vite de l’écran - on ne s’en plaindra pas. C’était la meilleure façon d’éviter à sa prestation de s’enliser dans une nullité qui dupliquerait celle de « RRRrrr… ».

Ce dont on peut se plaindre c’est de l’abrutissement forcé (et forcené) avec lequel Daniel Auteuil habille le singulier pathétisme de sa situation.

Il ne fait pas rire. Il ne fait pas sourire. Il consterne.

Pis encore, il crée un espace de désintérêt dans lequel le spectateur trouve refuge pour échapper à la médiocrité d’un propos qui confond populaire et racoleur.

Bizarrerie et connerie. (m.c.a)

(*) Et dont la video « Flou de toi » a déjà été regardé plus de 130.000 fois ( !!) sur http://www.youtube.com/watch?v=dToNQxJuJMo
(**) « Psychose » d’Hitchcock, « Idendity » de James Mangold
(***) Comme dans la comédie-bas de plafond des frères Farelly "Stuck on you" - en français « Deux en un » contraignant Matt Damon et Greg Kinnear et au partage d’un même corps jusque dans les moments les plus intimes.