Ne vous laissez pas impressionner par le titre « La lutte des classes ». En fait il s’agit d’une comédie douce-amère sur la vie en banlieue (ici Bagnolet près de Paris) :
- sur le fossé qui se creuse entre l’école républicaine, devenue « école des pauvres », et « les écoles des riches « ,
- sur les communautés qui, loin de se mêler, se recréent, Il n’y a plus d’échanges, ni mixité ou très peu entre classes sociales,
- sur la difficulté à rester fidèle à ses idéaux de gauche quand Corentin (Tom Lewy), l’enfant de Sofia (Leila Bekhti) et Paul (Edouard Baer) ne veut plus mettre les pieds à l’école. Pour Michel Leclerc, le réalisateur, « Croire dans les valeurs de la gauche nous met parfois dans des situations impossibles. Ma génération, qui a grandi dans les années 80, a passé toute sa vie dans la déception de la gauche, ce qui n’est pas une raison pour devenir de droite ! …. On a bâti le scénario autour de ces deux idées centrales de la gauche : d’un côté la défense des minorités et de l’autre le combat contre l’autorité et la morale. Pendant très longtemps, ces deux piliers sont allés de pair ». Aujourd’hui, ils se heurtent.
- sur la difficulté de vivre son changement de classe sociale : Sofia est une femme d’origine maghrébine pour qui l’ascenseur social a fonctionné. Elle est avocate. : de ce fait « elle a l’impression d’avoir trahi son milieu d’origine, d’autant plus quand son fils Corentin est pris pour le « petit Blanc » de service, ce qui difficile à vivre pour elle. C’est son paradoxe, elle a tellement fait pour s’intégrer à la société française que son fils est vu comme un babtou fragile. » souligne Michel Leclerc
C’est une comédie juste, avec beaucoup d’humour et d’intelligence qui aborde tous les problèmes, avec des acteurs splendides et justes.
(France Soubeyran)
