Adaptation d’un livre
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LA FILLE DU PUISATIER

Daniel Auteuil (France 2010)

Astrid Berges-Frisbey, Sabine Azéma, Daniel Auteuil, Kad Merad, Nicolas Duvauchelle, Jean-Pierre Darroussin

107 min.
20 avril 2011
LA FILLE DU PUISATIER

Back home !

Daniel Auteuil, 25 ans après "Jean de Floreffe" retrouve l’univers de Pagnol. Le retrouve sans le réinventer mais aussi sans (trop) l’anémier.

Si sa "Fille du puisatier" n’a rien de bien particulier - ni gaie ni triste, ni ringarde ni moderne - et n’émeut pas à l’aune du film tourné par Pagnol lui-même (*) en 1940 durant l’occupation allemande, il réussit néanmoins à capter ce quelque chose qui bouleverse d’un père pris en tenaille entre un sens de l’honneur (bien obsolète de nos jours) et l’affection pour son enfant.

Dans la version auteui-lienne, tout est pesé, calibré, équilibré. Dans un souci de bien faire, de ne pas être pris en défaut de reconstitution historique qui enlève à la narration et à sa mise en images une bonne partie de la spontanéité et la galéjade que l’on associe naturellement à l’âme de la Provence dont la lumière drue et crue est ici magnifiée par le travail remarquable du chef opérateur Jean-François Robin.

Sans être lourde ou maladroite, l’interprétation renforce cette sensation de guindé ou d’inégal (on pense au jeu d’Astrid Berges-Frisbey) qui empêche d’adhérer en confiance aux personnages et de plonger, coeur et poings liés, dans une atmosphère certes d’une autre époque mais qui aurait pu garder de celle-ci une sensibilité universelle.

Parce qu’en bout de course et en dépit des années qui courent, les émotions, les émois amoureux et les enjeux sociétaux restent ce qu’ils sont puisqu’ils appartiennent au même genre.

Le genre humain.

Finalement l’intérêt de cette "Fille..." est de donner l’envie de revisiter le passé. De revoir le Pagnol devenu depuis lors un classique.

Et d’ainsi pérenniser le 7ème art en l’inscrivant sur une ligne du temps trop souvent malmenée par un enchaînement rapide et dès lors autodestructeur de films.

Il offre une occasion à prendre de se souvenir que le cinéma a une histoire qui n’a pas nécessairement besoin d’innovations techniques ou d’effets de manches pour que le bon rejoigne le beau. (mca)

(*) avec les inoubliables Raimu, Fernandel et Josette Day