Louise Bourgoin, Fabrice Luchini, Roschdy Zem
Ce nouveau film d’Anne Fontaine marque les retrouvailles de la réalisatrice avec Fabrice Luchini[1]. Retrouvailles flamboyantes s’il en est, Fontaine offrant à l’acteur un rôle créé pour lui, celui d’un homme dont la vie entière est fondée sur les mots, sur leur pouvoir de séduction et leur force de manipulation.
Luchini incarne Bertrand, un avocat à la vie ultra structurée, cadrée et mesurée, poussé au déséquilibre lorsqu’il rencontre Audrey, une jeune femme pulpeuse et déjantée qui met à mal toutes ses certitudes.
Les mots qui étaient jusque là sa force, les vocables qu’il utilisait avec tant d’aisance et d’assurance, ne lui sont alors plus d’aucune utilité.
Et l’improbable se produit alors, Luchini est sans voix. Il ne trouve plus les termes adéquats, et reste pétrifié face à Audrey, incarnation de la séduction au sens charnel, sculpturale et vide.
Présenté comme le retour de la réalisatrice vers la comédie [2], « La Fille de Monaco » n’en est pas moins un film plutôt noir, qui révèle les faiblesses des hommes et la cruauté dont ils peuvent faire preuve lorsqu’ils sont acculés.
S’organisant au travers d’un scénario bien écrit, le film fait preuve d’un rythme soutenu qui plonge le spectateur dans le tourbillon monégasque. Ecriture filmique classique, mais efficace.
D’autant qu’elle est admirablement servie par le trio d’acteurs que forment Fabrice Luchini, Roschdy Zem et Louise Bourgoin. Il y a une réelle alchimie qui se crée entre ces trois acteurs, qui jouent tous trois leur personnage avec justesse et intensité.
« La Fille de Monaco » est donc ce que l’on peut appeler une réussite, un film bien écrit et bien réalisé, s’inscrivant dans la famille de la bonne qualité française. Une réalisation sans surprise, nette et précise.
Un peu trop peut-être. Il y a quelque chose d’un peu trop lisse dans « La Fille de Monaco ». Un aspect prévisible dans son histoire si bien contée, une dimension formatée dans ses choix de réalisation.
Cette fille de Monaco ne fera finalement qu’un passage dans notre vie de spectateur, remarqué peut-être, mais pas inoubliable pour autant. (Justine Gustin)
[1] Ces derniers avaient travaillé ensemble vingt ans auparavant sur la mise en scène de « Voyage au bout de la nuit » au théâtre.
[2] Après « Nathalie X » et « Entre ses mains », films tenant plutôt du thriller psychologique.