Drame familial
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LA FACE CACHEE

Bernard Campan (France 2007 - distributeur : Victory Films)

Karin Viard, Bernard Campan, Jean-Luc Anglade

93 min.
3 octobre 2007
LA FACE CACHEE

Après avoir (re)vu à la Cinémathèque les trois courts-métrages (*) « Nouvelle-vague » qui révélèrent Jean-Claude Brialy et une fois rentrée chez soi allumer son HP pour y faire la recension de la plupart des films français contemporains c’est prendre douloureusement conscience du sens des mots « dévolution », « entropie », « lourdeur ».

Et de se souvenir que pour Tchékhov la tragédie de l’homme était que, contrairement à l’animal, il a d’abord été papillon avant de devenir chenille.

Habitué, lorsqu’il était un des « Inconnus », aux nécessités d’être prompt à la réplique et cinglant dans le dialogue, Bernard Campan peine à donner à son premier long métrage souffle et élan. Englué dans le manège des trois B (Bach, bricolage, boisson), il s’enlise et perd pied. Comme emporté par le désarroi de ses personnages.

Ce n’est que dans son dernier tour de bicyclette que le film prend un certain envol pour dévoiler le mystère supposé lui donner son relief narratif.

Isabelle et François vivent ensemble depuis longtemps. Ensemble mais sans réelle communication. Vie commune mais dans laquelle les entités gardent une opacité qui, d’énigmatique, deviendra vite source de désappointement et de souffrance pour soi-même et pour l’autre.

L’interrogation de ce film, à savoir, connaît-on vraiment celui ou celle dont on partage l’existence ?, est posée par Bernard Campan avec une sorte de recul étrangement monocorde qui ressemble à la lecture que pourrait faire un médecin d’une radiographie.

Volontairement centré sur son sujet, « La face.. » ne s’intéresse pas aux à-côtés sociaux ou professionnels du couple, donnant à ce drame un goût de trop peu et de manque que ne viennent pas compenser l’amidonné de l’interprétation et le convenu des situations.

Bernard Campan avait intelligemment surpris dans les rôles empreints de gravité ou de complexité qu’il avait « campés » pour Zabou Breitmann dans « Se souvenir des belles choses » et « L’homme de sa vie ».

En tant que réalisateur, il se perd ou se fige dans une approche trop anecdotique de questions essentielles puisqu’elles portent sur le « peut-on être heureux » ? Et si oui, comment l’être ?

Un brin d’Onfray, pour la tonicité, de Cassavetes, pour la subtilité psychologique, et de Dorothy Parker pour la drôlerie qui allège autant qu’elle renforce le pudique d’un propos, auraient pu apporter à cette « Face cachée » l’envie de la voir dévoilée.

Ce sera peut-être pour le second essai. Les cinéastes, comme les époux, ont droit à une deuxième chance. (m.c.a)

(*) « Le coup du berger » 1956 de Jacques Rivette, « Tous les garçons s’appellent Patrick » 1957 de Jean-Luc Godard et « Une histoire d’eau » 1958 du même Godard allié à François Truffaut