Monica Bellucci, Yahya Mahayni, Koen De Bouw, Dea Liane
film tunisien
sortie Belgique aout 2021
2021 Nomination Meilleur Film Etranger - Oscar
2020 Selection Officielle section Orrizonti - Festival de Venise
2020 Prix du meilleur acteur section Orrizonti - Festival de Venise
2006, Zurich, Galerie « de Pury & Luxembourg », Wim Delvoye réalise sur le dos de Tim Steiner un tatouage représentant une Vierge en prière surmontée d’une tête de mort mexicaine, l’histoire – incroyable- se concrétisant par un contrat de vente conclu en 2008 pour 150 000 euro avec obligation de trois expositions annuelles et le dépeçage après la mort du « support …. »
2012, Kaouther Ben Hania découvre « Tim le tatoué », à l’occasion d’une exposition de Wim Delvoye au Louvre : “L’image de cet homme exhibé dans un musée est restée dans ma tête des années. Si on est habité par une image, ça n’est pas pour rien. Ce contrat particulier entre un homme et un artiste questionne le capitalisme en général, les rapports dominant/dominé, le déterminisme social, les inégalités. Tout mon cinéma tourne autour du pouvoir, qu’il soit policier et masculin comme dans La belle et la meute, ou élitiste comme dans ce film”, analyse Kaouther Ben Hania.
Photo de Tim tatoué par Wiw Delvoye
Dans « L’Homme qui a vendu sa peau, « la réalisatrice replace l’histoire en Syrie, puis au Liban et en Belgique : Sam (Yahya Mahayni ), jeune syrien fort sympathique de Raqqa et amoureux de Abeer ( Dea Liane) a quitté son pays pour le Liban, suite à la guerre civile syrienne. Abeer, elle aussi refugiée au Liban, est obligée par sa famille d’épouser un diplomate et s’installe avec lui à Bruxelles. Démuni et sans papiers, Sam accepte, pour disposer d’un visa pour l’ Europe, la proposition de se faire tatouer sur le dos « un visa Schengen » par la star des artistes belges, Jeffrey Godefroy (Koen De Bouw ). Ainsi transformé en oeuvre d’art vivante, Sam est transporté, immobile sur son piédestal, d’exposition en exposition…. et réalise qu’il a perdu sa liberté.
Les thèmes traités dans ce film nous font penser à « The Square », lauréat de la Palme d’Or au Festival de Cannes en 2017 , film qui dénonçait de manière frontale le rôle parfois pervers de l’art et « l’hypocrisie de notre mode de vie en Occident. On se croit vertueux, on paye nos impôts mais il y a des choses qu’on ne veut pas voir ». ( Ruben Östlund conférence de presse).
Dans « L’homme qui avait vendu sa peau », Kaouther Ben Hania met le doigt sur les inégalités et la notion de liberté et la migration " Quand Sam le réfugié rencontre Jeffrey l’artiste, il lui dit : ’Tu es né du bon côté du monde’. La problématique est là : ….. Malgré tous les discours sur l’égalité ou les droits humains, les contextes historiques et géopolitiques de plus en plus complexes font qu’il y a forcément des privilégiés et des damnés. Le film est un pacte faustien entre un privilégié et un damné »
Le film, en fait , raconte une histoire de « survie », dans le monde actuel, où pour d’en sortir, seules des solutions extrêmes , dérangeantes sont possibles.
Le scénario, l’originalité, le rythme, les acteurs : tout concourt à faire de « L’homme qui a vendu sa peau » un grand film, passionnant, touchant, acide, que l’on ne peut pas manquer.