Emmanuelle Béart, Marie Gillain, Karin Viard, Carole Bouquet
L’enfer n’est pas toujours sur les champs de bataille [ à l’égal du premier film de Tanovic « No man’s land » (2001)], il peut aussi être plus proche, plus familial.
Dès les premières images le ton du film est donné : celui d’un drame ordinaire et cruel qui se déroule dans un nid de rossignols squatté par un coucou dont le programme biologique est de bouter les oisillons du couvoir.
Sophie, Anne et Céline ont assisté, enfants, au suicide de leur père suite à un drame dont la présentation qu’en a faite leur mère ( Carole Bouquet, image d’une Médée recluse sur elle-même) n’a jamais été remise en question.
Ce drame va les briser, les séparer et les amener à vivre, chacune, une vie insatisfaisante et douloureuse métaphorisée par un travail subtil sur des couleurs qui perdent leur tonalité pour se fondre dans une absence de lumière proche d’une non vie.
Un jour, un jeune homme entre en contact avec Céline et lui révèle une autre approche de ce qui s’est passé. Une approche qui va permettre aux sœurs de se reconstituer à travers la découverte de non-dits.
Tanovic s’est librement inspiré d’un court projet de Kielowsky (basé sur la trilogie de Dante dont la première partie « Le paradis » a été réalisé en 2002 par Tom Tykwer) pour approcher les thèmes éternels que sont la culpabilité, la sororité, la non-communication, le destin mis à mal par les coïncidences
Si la famille peut être un enfer, elle n’est pas condamnée à le rester.
Si les membres qu’elle a otagisés ont le courage de se parler, cet enfer peut relâcher son étreinte et devenir un purgatoire permettant à ses blessées d’oser le risque de vivre libérées. (m.c.a)