Deux regards - deux opinions
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L’AGE DE RAISON (selon mca)

Yann Samuell (France 2010)

Sophie Marceau, Jonathan Zaccai, Michel Duchaussoy

97 min.
4 août 2010
L'AGE DE RAISON (selon mca)

When Margaret met Marguerite. Ou encore à quoi se mesure une vie réussie ? Existe-t-il un mètre étalon permettant de (se) dire « ce que je vis en vaut la peine et ne me déçoit pas lorsque je me souviens de mes rêves d’enfant » ? 

Point besoin d’être philosophe - Luc Ferry « Qu’est-ce qu’une vie réussie ? » (*) - pour avoir sa réponse.

Yann Samuel, titillé depuis son premier film par les « Jeux d’enfants » a la sienne. Qui, si elle n’était pas phagocytée par une crispante puérilité aurait pu être intéressante.

Autant sa question est clairement posée - la rencontre entre « La force de l’âge » (**) selon l’ expression de Simone de Beauvoir et « Les promesses de l’aube » chères à Romain Gary exige-t-elle toujours une mise à niveau (un reset dirait un geek) - autant son déploiement affole par un déséquilibre narratif et un recours niagaresque à la plus consternante des consensualités.

Sophie Marceau est Margaret - clone volontaire d’Anne Lauvergeon l’impérieuse patronne du groupe Areva ? 

Elle vend des centrales nucléaires avec une froideur qui rappelle l’efficacité de la dame de fer, Lady Thatcher, dont elle porte le prénom.

Elle a été Marguerite, petite fille de 7 ans qui rêvait de sauver les éléphants.

C’est dire à quel point le chemin de la préservation d’une espèce en voie de disparition à la fission de l’atome est pentu !

Non seulement le film sacrifie à la mode de la recherche de son enfant intérieur, à la « bobo-terie » chère à la classe bourgeoise et aux diktats d’une gentillesse un peu mièvre comme source de bien-être, mais sa construction décourage la plus indulgente des bienveillances par sa mortigène alliance d’invraisemblance quant au fond et de ternitude quant à la forme.

Même Michel Duchaussoy, dans un rôle du senior censé donner du poids à une histoire qui en manque, n’arrive pas à démécaniser un scénario sursaturé de clichés et de répliques « cu-cultes » : « l’avantage du passé c’est qu’il est passé »

Sophie Marceau, qui endosse avec charme - qui a lui seul justifie l’* donnée à ce film - de ce côté de l’Atlantique le personnage de la sympathique "girl next door" assumée par Sandra Bullock de l’autre côté de l’océan, a un bien craquant sourire.

Insuffisant hélas à donner du pep à un film caoutchouteux et non crédible.

Insuffisant pour faire rêver, ce qui est un comble puisque le fonds de commerce de cette comédie est précisément de savoir ce qu’il advient de nos rêves d’enfants ? (mca)

(*) Ed. Grasset 2002
(**) Deuxième segment - celui de la maturité - de la trilogie biographique initiée par les « Mémoires d’une jeune fille rangée » et complétée par « La force des choses ».