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JUSTE LA FIN DU MONDE

Xavier Dolan

Nathalie Baye, Gaspard Ulliel, Marion Cotillard, Léa Seydoux, Vincent Cassel.

97 min.
21 septembre 2016
JUSTE LA FIN DU MONDE

Deux ans après le chef d’œuvre qu’était Mommy, Xavier Dolan revient avec un mélodrame familial adapté d’une pièce de théâtre de Jean-Luc Lagarce.

Si le génie de Dolan en matière de mise en scène atteint toujours l’excellence (notamment dans sa scène d’ouverture), l’adaptation qui est faite du texte du dramaturge français laisse quant à elle clairement à désirer. C’est d’ailleurs sans doute là où le bât blesse le plus : en ne prenant pas suffisamment ses distances par rapport à sa source première d’inspiration, en ne se réappropriant pas pleinement la substantifique moelle du sujet, le jeune réalisateur canadien transpose plus qu’il n’adapte vraiment.

Résultat : Juste la fin du monde [1] est un film réalisé à la Dolan mais qui n’est pas du Dolan. Le regret est d’autant plus amer lorsque l’on connaît le talent du cinéaste dans l’écriture de ses dialogues.

L’histoire ne manque pourtant guère d’intérêt puisqu’elle met en scène le retour d’un auteur à succès au sein de sa famille après douze ans d’absence pour annoncer à ses proches sa mort prochaine. La force du sujet (la difficile voire impossible communication entre les membres d’une même famille, nourrie par les relents de la frustration et de l’amertume) ainsi que le vivier de questions qu’il contient, sont certes indéniables mais la typologie des personnages est traitée avec une telle exagération, le ton des dialogues est tellement hystérique que l’ensemble en devient très vite agaçant. Quant au suffocant mélo de certaines scènes, il se noie dans d’apocalyptiques longueurs dont l’hypertrophie est accentuée par le surjeu théâtral d’une brochette d’acteurs globalement horripilants. Enfin, si Dolan a habituellement le don de faire de sa musique un personnage à part entière, l’exercice est ici un échec car la bande originale semble trop souvent plaquée sur l’image plutôt qu’y être réellement intégrée.

Seule consolation : Gaspard Ulliel livre une prestation d’une justesse irréprochable et d’une désarmante sensibilité, qui sauve le film du désastre émotionnel.

(Christie Huysmans)

[1Juste la fin du monde a obtenu Le Grand Prix du Jury au Festival de Cannes 2016 ; un prix somme toute très discutable…