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JCVD

Mabrouk el-Mechri (France/Belgique 2008 - distributeur : Cinéart)

Jean-Claude Van Damme, François Damiens

97 min.
18 juin 2008
JCVD

En ce mois de juin, la chaîne télévisée et cryptée « Ciné Cinéma Classic » (CCC) propose en diffusion multipliée un des chefs d’oeuvre de Godard ( JLG ) « Le mépris ».

Suivi d’un documentaire très intéressant qui éclaire, comme l’indique son titre, « totalement, tendrement, tragiquement » le film.

Créant ainsi à la fois une fusion contrastée - tendre et tragique - avec son sujet et redonnant par une approche totale de celle-ci une puissance visuelle à un ouvrage que de fréquentes visitations avaient quelque peu érodé ou émoussé.

Comparaison à laquelle invite le « JCVD » de Mabrouk el-Mechri. Non seulement parce ces quatre initiales recouvrent ce qui fut un mythe dans toutes les salles de sport du Royaume - comme celles de JLG le sont pour les salles de cinéma - mais parce que le regard posé par le réalisateur sur un « phénomène » évoque une autre et plus ample réalité que celle habituellement véhiculée.

Comme si le cinéma se découvrait la fonction de montrer autrement ce qui est et de proposer loin de la virtualité médiatique une image différente, et par là même touchante, d’un acteur trop vite casé dans la catégorie des Vin Diesel et Steven Seagal : testostérone sans neurone.

Si la revendication de JCVD - comme celle de Sharon Stone - d’un QI de 140 fait sourire, la mise en abyme d’un homme, en panne de carrière, en peines de cœur et en difficultés financières, étonne et désarçonne dans une histoire de gangsters qui semble n’avoir été conçue que pour enchâsser, au sein d’une noirceur un peu lourdement travaillée et sonorisée, une étonnante confession.

Filmée en un long plan séquence, au cours de laquelle JCVD redevient Jean-Claude, le ket de Bruxelles qui fut attiré par les feux d’un Hollywood, sans en soupçonner les brûlures à venir.

Et qui à l’aube de la cinquantaine, se reconnaît « non comme un héros mais comme un type ordinaire avec ses doutes et ses failles ».

C’est à l’occasion d’une prise d’otage dont il est l’objet lors d’un braquage de banque dans sa ville natale, qu’il va prendre la mesure de la médiocrité de sa vie coincée entre la fatigue de tourner des daubes, la peur de perdre la garde de sa fille et celle de devenir interdit bancaire.

En 1970 Jerry Schatzberg a réalisé un douloureux portrait d’une star déchue (*). Mabrouk el Mechri, révélé par un film (inabouti) sur la boxe « Virgil » (**), a plutôt voulu offrir à son idole de jeunesse une résurrection.

Si on ne doute pas que le public sera plus nombreux que les quelques hères qui ont été témoins de celle de Jésus-Christ (JC), on n’est pas sûr que la volonté affichée par l’acteur de sortir d’une crise de vie scandée de lignes de coke, d’alcool et de suicide, suffise à en faire un bon comédien (***).

Mais SOJ ? C’est-à-dire : Sait-On Jamais ? (m.c.a)

(*) « Puzzle of a downfall child ».
(**) Avec Lea Drucker et Jalil Lespers et en préparation d’un troisième qui sera tourné à New York avec Vanessa Paradis et Michael Madsen.
(***) Malgré les espoirs ouverts par sa prestation maîtrisée dans "Nowhere to run" de Sam Gillen ... il y a quinze ans.