Comédie sentimentale
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J’VEUX PAS QUE TU T’EN AILLES

Bernard Jeanjean (France 2007 - distributeur : Les Films de l'Elysée)

Judith Godrèche, Richard Berry, Julien Boisselier

87 min.
25 avril 2007
J'VEUX PAS QUE TU T'EN AILLES

Comment sortir de la disharmonie du triangle amoureux (femme, mari, amant) ? Comment sortir de la prévisibilité d’une histoire moultes fois rabâchée ?

Une seule réponse : le recours à une idée originale qui permettrait, par une simple réorganisation des données de base, de trouver une issue à ce qui s’appelle "l’impasse du déjà vu". Le hic de "J’veux pas..." est justement de manquer de ce ressort inventif. Comme il manque du "e" entre le J’ et le "veux" du titre une tonicité qui aurait alluré le film d’une inspiration moins carencée.

Paul et Carla sont mariés depuis 10 ans. Il est psychanalyste, elle a un amant, Raphaël. Lequel est en analyse chez Paul qui, profitant des confidences de son patient, tentera de reconquérir son épouse.

« J’veux pas… » n’est pas, malgré les apparences, un film romantique. Il a ce regard moderne, reflet de l’évolution des mœurs actuelles, qui ne considèrent pas l’infidélité comme un facteur en lui-même suffisant à rompre un couple. Mais tout au plus comme le reflet d’un problème de communication entre deux individus.

Même si les personnages affichent, chacun, leur fragilité et leur vulnérabilité, ils ont le knack inélégant d’ériger en légitime défense le droit de se manipuler les uns les autres. Pas d’effondrement ou de chagrin superflu, mais une envie d’utiliser, en tacticien, les révélations du rival comme si elles étaient des moyens de séductions qu’on n’est plus état de trouver soi-même.

« J’veux pas… » est un film plutôt morose qui souligne la difficulté de maintenir, au fil des ans, l’intensité passionnelle des rencontres amoureuses. Il est aussi un constat sur l’impression, souvent amèrement ressentie par les femmes, de se sentir délaissées si elles ne sont pas le centre d’intérêt des préoccupations de leur conjoint. 

Il y a, dans les thèmes abordés, un petit quelque qui rappelle, sous une forme trop proche du copié-collé pour en conserver la fraîcheur, les rencontres d’Uma Thurman et de sa thérapeute Meryl Streep dans « Prime » de Ben Younger.

Les face-à-face Boisselier/Berry n’arrivent pas à sortir le propos d’une fadeur, à certains moments franchement écœurante quand elle transgresse, sans l’aération de la fantaisie ou de la volonté machiavélique, l’élémentaire déontologie d’une profession bien mise à mal depuis la parution du « Livre noir de la psychanalyse » publié sous la direction de Catherine Meyer.

Quant à Judith Godrèche (*) son artificialité dévitalisée flanque le bourdon. Où est passée la lumineuse jeune actrice de « La fille de 15 ans » de Jacques Doillon ou de « La désenchantée » de Benoît Jacquot ?

Bernard Jeanjean a l’ambition affichée de réaliser un tryptique sur l’amour et les trentenaires (**)
Souhaitons lui, pour son troisième volet (***), de sortir de sa propension à colorer ses œuvres de la lourdeur d’une façon de "faire-sitcom", faite de situations convenues noyées dans des dialogues pseudo brillants faisant alterner, avec une régularité sans surprise, lieux communs triviaux et banalités censées faire sourire. Se réclamer de Francis Weber ne suffit pas pour en avoir le pep et l’esprit. (m.c.a)

(*) qui a remplacé Isabelle Carré retenue par sa prestation dans « Anna M. »
(**) voilà qui devrait réjouir Richard Berry qui aura 57 ans ce 31 juillet...
(**) le premier étant « J’me sens pas belle » avec déjà Julien Boisselier que le cinéaste aime comparer à Patrick Dewaere…

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