Zama Marjanovic, Goran Kostic
Le sang dans lequel on naît et surtout le sang dans lequel on meurt.
Ce sang versé en Bosnie durant de trop longues années de guerre civile et auquel Angelina Jolie se demande s’il existe un antidote.
Un remède. Un miel qui pourrait lui être opposé pour en supporter ou adoucir les blessures et déchirements.
Ajla est bosniaque. Danijel Serbe. L’amour entre ces deux-là est-il possible ?
Ni tout à fait décevant ni tout à fait emballant, le premier film d’Angelina Jolie est à l’image de sa réalisatrice.
Plein de bruits et de fureur et en même temps neuneu et inabouti.
S’il n’a pas la force dénonciatrice et émotionnelle du « Grabvica » de Jasmila Zbanic (*) le recul malicieux et efficace de « No man’s land » de Danis Tanovic, sa reconstitution du conflit évite le culte du cliché de « Harrison’s flowers » d’Elie Chouraqui et ne sacrifie pas à la philosophie du parti pris pur et dur du « Bosna » de Bernard-Henry Lévy.
« Au pays du ... » fictionnalise sans excès, aidé en cela par des acteurs du cru qui ne sont pas rompus aux ficelles de l’interprétation tire-larmes, mais avec l’intention manifeste de toucher le spectateur avec les crimes - le viol et la torture - que depuis sa première audience le 8 novembre 1994 le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie a pour mission de juger.
Et même si l’on se dit qu’il aurait pu gagner en finesse, en épaisseur, en concision (127 minutes c’est beaucoup !) l’on se dit aussi qu’un regard sur les horreurs et les impasses propres à toutes les guerres, qu’une dénonciation plus particulière des violences réservées aux femmes et qu’un questionnement sur le bien ou mal fondé du principe de non-intervention de la communauté internationale n’ont rien d’inutile. (mca)
(*) Grand prix Cinéfemme 2006