Ecran total 2011
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IF I WANT TO WHISTLE, I WHISTLE

Florin Serban (Roumanie/Suède 2010)

Ada Condeescu, Clara Voda, George Pistereanu

94 min.
29 juin 2011
IF I WANT TO WHISTLE, I WHISTLE

J’ai fait la magique étude du Bonheur que nul n’élude” - Rimbaud (poème "Ô saisons, ô châteaux")

S’il n’est pas certain que Silviu, le personnage du premier film du roumain Florin Serban, ait eu l’occasion de rechercher dans sa courte existence ce qui pourrait le rendre heureux, il a néanmoins envie d’éviter à son jeune frère le parcours accidenté qui l’a amené à passer 4 années en maison de redressement.

Pris en étau, à quelques jours de sa sortie, entre le besoin d’un soutien (familial ou amoureux) grâce auquel il pourrait se reconstruire et la certitude que sa mère est en grande partie responsable de ses errances, Silviu peine à contenir une rage.

Une colère dont l’intensité est saisie à fleur de peau par une caméra à l’épaule.

Caméra nerveuse, parfois maladroite comme si les problèmes qu’elle s’efforce de capter la dépassaient.

Ce qui explique sans doute l’impression ressentie par le spectateur d’un manque d’engagement scénique parfois proche d’une certaine indifférence là où le cinéma roumain a, ces dernières années, pris l’habitude de nous accrocher par son âpreté. Son audace épurée et sans compromis.

Sa détermination à saisir, sans fioriture et faiblesse, les problèmes de société les plus graves (*) et les difficultés relationnelles qu’ils engendrent.

Au lieu d’un bras-le-corps avec les désirs qui taraudent ses héros ou les mettent en porte-à-faux avec le Monde environnant, on est dans une sorte de flop flop indécis, comme s’il manquait un point d’ancrage au point de vue du cinéaste - tout comme il a manqué un socle solide sur lequel Silviu aurait pu se construire.

Le fait que celui-ci soit interprété par un acteur (qui occupe presque tous les plans) à la prestation inégale, tantôt convaincant tantôt falot voire franchement absent dans la séquence dramatique (onirique ?) finale, n’apporte pas à la réalisation la tension qui lui aurait donné son plein potentiel de violence.

De questionnement sur le devenir et le futur en forme d’impasse de ces adolescents malmenés par des abandons familiaux, des milieux sociaux défavorisés et les humiliations physiques et psychologiques subies en prison.

Film qui avait beaucoup pour nous happer par des émotions convoquant à la fois la douleur, la dureté, la fatalité et qui en bout de course peine à nous intéresser.

Si « If I want … » souffre de défauts intrinsèques (des situations un peu simplettes, un montage qui alors qu’il se veut inspiré par celui des Dardenne finit par confondre fragilité et plasticité) il pâtit aussi de la comparaison avec d’autres réalisations récentes qui, elles aussi, ont choisi de se focaliser mais avec plus de cohérence et de puissance sur le milieu carcéral et ses multiples plaies - « Le prophète » de Michel Audiard, « Qu’un seul tienne les autres suivront » de Léa Fehner

Le jury du festival de Berlin 2010 a décerné au film de Serban l’Ours d’Argent.

Un ourson aurait été amplement suffisant. (mca)

(*) l’avortement dans « 4 mois, 3 semaines, 2 jour » de Christian Mungiu, l’incurie des pouvoirs publics dans « La mort de Dante Lazarescu » de Christu Piu ...