Bof ...
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HOMME AU BAIN

Christophe Honoré (France 2010)

Chiara Mastroianni, François Sagat, Omar Ben Sellem, Dustin Segura-Suarez

72 min.
29 décembre 2010
HOMME AU BAIN

Enfin … un successeur à Rocco Siffredi en la personne de la star française du porno gay : François Sagat.

Dont le corps et le visage taillés aux haltères recèlent de bien inattendues et fugaces émotions.

Si cette « bonne » ( ?) nouvelle suffit à faire de « Homme .. . » un film anatomiquement avantageux, est-ce suffisant pour en faire un film intéressant ?

Oui et … non.

Oui parce que cette exploration au plus près des corps se veut au cœur d’une expérience charnelle qui fait de chacun des personnages un être humain qui essaye de s’en sortir comme il peut d’une séparation amoureuse.

Et de chacun des spectateurs, qu’il soit consentant ou pas, un voyeur. Englué, s’il n’est pas choqué, dans les tentacules d’une insidieuse fascination scopiquo-érotique .

Non parce que le scénario manque (quel paradoxe) de … chair et les acteurs de conviction malgré une assiduité à des pratiques que les codes théologiques ou moraux ne mettent pas en tête de liste de leurs priorités.

Emmanuel et Omar se séparent. L’un part à New-York pour y soutenir la promotion de son film (segment de la réalisation tournée en caméra DV) et l’autre reste à Gennevilliers à se laisser draguer ou à rabrouer des amants de passage.

La prétention nombriliste des dialogues, un imaginaire de banlieue où chacun semble prêt à la rencontre sexuelle, un spleen baudelairien, des clichés crus et criards bien éloignés de la bouleversante humanité d’un Rainer Fassbinder, des faisceaux de lumière destinés à faire des parties charnues de François Sagat la 8ième merveille du Monde font de "Homme ..." un film qui prête plus à l’ennui qu’au fantasme.

Du moins quand on est une spectatrice. Peut-être qu’un regard masculin et homosexuel sera charmé et donc plus indulgent.

Chiara Mastroianni, une complice d’Honoré, apporte au film une impression de vacuité et d’absence qui rappelle que s’envoyer en l’air n’est pas nécessairement (et toujours) une partie de plaisir.

Mais souvent un deal auquel les gays semblent moins enclins à se soustraire. Un deal dont n’est pas exclu pourtant une certaine artificialité. Une certaine cruauté.

« Homme … » est à l’origine la réponse à une commande de court-métrage faite par le théâtre de Gennevilliers dans le cadre de ses « Cartes blanches cinéma ».

Au final il est un moyen-métrage « lungo » de 72 minutes dont le titre et l’affiche se réfèrent à une œuvre du peintre Caillebotte, sorte de pendant dépourvu de sa langueur hédoniste de « La baigneuse allongée » de Degas .

Signalons que dans le cadre de ces mêmes cartes blanches, Joachim Lafosse a été invité à réaliser « Avant les mots » - la captation du quotidien d’un très jeune enfant dans une crèche.

Œuvre dont la projection en salles de cinéma c’est-à-dire hors de l’enceinte protégée des festivals, ne sera pas, espérons-le, comme le célèbre conte d’Alphonse Daudet « L’Arlésienne » : celle que l’on attend sans jamais la voir. (mca)

(*) « Les chansons d’amour », « Non, ma fille tu n’iras pas danser ».