Drame
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HARD CANDY

David Slade (GB 2006 - distributeur : Paradiso Filmed Entertainment)

Patrick Wilson, Ellen Page

103 min.
27 septembre 2006
HARD CANDY

Etonnant par ses paradoxes - dès le titre l’oreille tinte : un candy est plus associé à une notion de douceur que de dureté - ce huis clos entre une adolescente et un trentenaire l’est aussi par ses angles d’approche tantôt racoleurs tantôt dénonciateurs.

Sa ligne de force a néanmoins la capacité d’envoûter, stylée et rémanente, des quatuors de Schubert. Notamment de celui, qui sous le titre de « Das Madchen und die Tot » donne à écouter la confrontation d’une jeune fille avec la mort, toutes deux engagées dans un processus de séduction.

Jeff et Hayley se rencontrent sur internet. Elle se rend chez lui pour visionner l’enregistrement d’un groupe pop (une actualisation des estampes japonaises…). Commence alors un fascinant - parce que malsain - jeu de rôles inversés où le calvairant ne sera pas celui que l’on croit.

« Hard Candy », croisement hybride entre le thriller, le trash et le regard sur le nouage-miroir de l’innocence à la perversion de l’adulte, étonne par le jeu de ses acteurs. Elle, sorte de trouble Antigone, à la détermination froide juste érodée de temps en temps par des éclats de rage et lui ligoté (au sens propre et figuré) par son statut supposé de pédophile-meurtrier.

La mise en scène, toujours sur le fil du rasoir, s’architecture à partir de gros plans qui portent le récit à un niveau d’abstraction parfois insoutenable parce que jamais le réalisateur n’inclut dans sa démarche une once de référence à la morale ou aux codes sociaux.

Nonante minutes de relations sensorielles extrêmes peuvent être beaucoup mais en même temps par rapport à ce qui se passe dans le RW (le Real World selon le vocabulaire tendance « abrèvs » des jeunes internautes) c’est peu… en comparaison de l’épreuve de la jeune Natasha Kampush enlevée et séquestrée dans un cachot de 6m carrés pendant huit ans.

« Hard Candy » éclaire, avec le sens de l’efficacité propre au clip et à la pub (mondes dont est issu David Slade), une réflexion sur l’adolescence, cet âge difficile et obscur qui oscille entre attirance et répulsion sexuelles.

Hayley pourrait être une petite cousine de Robert Carmichael (*) et en même temps elle s’en démarque par un final décevant qui sape (ou zappe) la pertinence d’un propos. L’épiphanie chez Thomas Clay est orgasmique parce que la violence surgit en bout de processus narratif, chez Slade elle ne sera qu’un pétard mouillé parce que cette même violence se sera épuisée dans une trop grande formalisation (m.c.a)

(*) « The great ecstasy of Robert Carmichael » de Thomas Clay