Comédie sociale
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HABEMUS PAPAM

Nanni Moretti

Michel Piccoli, Jerzy Stuhr, Renato Scarpa, Nanni Moretti, Margherita Buy ...

104 min.
7 septembre 2011
HABEMUS PAPAM

Quand Nanni Moretti décide de mettre un pied dans le Vatican, le résultat ne peut qu’être un film irrévérent, subtil et ironique. L’Église catholique romaine, décrite par le rationalisme de Moretti, est alourdie par le poids des ans de vieux cardinaux chez qui ne luit même pas une étincelle de Saint Esprit : La messe est finie .

Mais « Habemus Papam » ne porte pas seulement un regard aigre-doux sur l’Église vue par un Moretti psychologue et soixante-huitard.

L’Église de Moretti est avant tout constituée par des hommes – non pas les hommes de Dieu racontés magistralement par Beauvais – mais des hommes qui doutent, pleins d’incertitudes.

Ce sont des êtres humains qui participent à la vie, souffrent d’insomnie, et jouent au volley-ball, qui remplace le waterpolo de « Palombella rossa ».

Cette Église à la tête d’un peuple dans l’attente devant une fenêtre fermée exprime son cri à travers la voix d’un extraordinaire Michel Piccoli qui nous bouleverse au plus profond de nous-mêmes.

Nous errons avec lui dans les ruelles de Rome, à la recherche d’une réponse à la quête ultime de sens.

Étouffé par cette lutte contre la solitude et par la perception d’être inadéquat non seulement pour le rôle qui lui est confié, mais pour la vie elle-même, le Pape interroge sans cesse la réalité en s’exprimant à travers les citations d’Anton Tchekhov.

Habemus Papam n’est pas un film anticlérical. C’est un film sur la perception intime de soi. Sur le parcours dramatique de l’être humain à la recherche d’un sens qui, pour Moretti, n’existe pas.

Les moments soporifiques et excessivement burlesques – on s’attarde trop sur le regard magnétique des cardinaux devant la fenêtre du Pape, où un garde suisse imite le Pontife absent – ne manquent pas. Toutefois, ce superbe scénario ne déçoit pas le spectateur qui partage jusqu’au bout le mal de vivre du Pape.

Merci Moretti pour ce film puissant par ses silences, ses dialogues, et porté par un Michel Piccoli tout simplement monumental. Un bon moment de cinéma. ( Lucia )