Gianni Di Gregorio, Valeria De Franciscis Bendoni, Alfonso Santagata, Aylin Prandi
Gianni n’est pas un personnage simple ou un simple personnage comme on pourrait le croire. C’est un père, un mari et un fils avec un dénominateur commun : un dévouement absolu pour les femmes qui l’entourent.
Le dévouement dont il fait preuve, sans jamais se plaindre, suscite une tendresse incroyable. Gianni est aussi la victime de cet esprit de sacrifice qui prend le pas sur sa personnalité la plus intime.
Jusqu’au jour où son ami Alfonso lui fait remarquer que les hommes de son âge vivent une seconde jeunesse. Gianni prend alors immédiatement la décision de s’affranchir de ce rôle d’homme charitable pour reprendre en main sa virilité : l’esprit macho qui caractérise (ou qui devrait caractériser selon l’imaginaire collectif) le mâle italien.
Soudainement, il refuse de vieillir et décide de revenir à sa vie de jeune dragueur pour se prouver, et montrer au monde entier, qu’il est encore capable de plaire et d’aimer.
Il se met alors désespérément à la recherche d’un bonheur qu’il croit pouvoir atteindre avec de jeunes femmes.
Dans cette quête de la femme appétissante qui pourra lui faire retrouver sa jeunesse perdue se succèdent scènes comiques et ironiques.
Gianni Di Gregorio aime parcourir les ruelles et les coins cachés de sa ville natale, Rome, en décrivant sa vie et ses personnages « mélancomiques », et c’est (également) ce qui nous plait.
Nous avons savouré dans son premier film « Pranzo di Ferragosto » (Le Déjeuner du 15 août) la joie et la gaieté des vieilles dames qui débordent de vie et se contentent de menus plaisirs. Avec « Gianni e le donne » (dont le sous-titre parfait est « Le sel de la vie ») les gentilles vieilles dames ne suscitent plus les mêmes sentiments.
L’empathie du premier film se transforme en un sentiment amer et le comique cède le pas à une triste réflexion sur la perception du vieillissement. Gianni constate péniblement qu’il cherche à tout prix à vivre ce qu’il n’a pas vécu mais sa tentative maladroite finira par échouer.
« Le comique est précisément une perception du contraire »* écrit le maitre du théâtre italien, Luigi Pirandello. Gianni nous entraîne dans son monde habité d’un humour simple et fait jaillir en nous une étincelle de tristesse qui ne nous quittera pas à la sortie de la salle… (Lucia)
* Luigi Pirandello, ‘L’humorisme’ (1908)