Cécile de France, Valérie Lemercier, Suzanne Flon, et tant d’autres tous excellents
Les raisons de vous asseoir dans un des fauteuils proposés par Thompson ne manquent pas.
Des dialogues écrits, bien portés en bouche par une pléiade de vedettes jouant juste et naturel.
Une trame narrative entremêlant avec équilibre des captures de personnages à un moment charnière de leur existence.
Une matière première à savoir la représentation artistique au sens le plus large [comédienne, pianiste, metteur en scène, agent artistique, directrice de casting, collectionneur…(*)] déclinée en respectant les 3 règles propres au théâtre classique.
Unité de lieu : le film se passe sur un bout de trottoir parisien niché avenue Montaigne.
Unité de temps : le film se déroule sur une courte période (3 jours).
Unité d’action : pas de péripétie ou d’événement particulier, juste des rencontres d’êtres humains qui vont se parler, s’écouter et fraterniser.
Comme chez Feydeau auquel la réalisatrice rend un bien sympathique hommage, le film ne repose pas sur une psychologie de bazar ou sur des agencements dramatiquement ou romantiquement tissés. Il a un petit quelque chose qui rappelle la chaleur des Sautet et le délié des Malle.
Un cinéma de bienveillance qui pose un regard tendre sur les artistes et ceux qui les côtoient : la concierge qui réconforte, la barmaid qui écoute, le public qui réchauffe de son affection.
Un cinéma élégant qui révèle les fragilités cachées de ceux qui nous donnent des émotions en scellant souvent les leurs : la prestation d’Albert Dupontel en soliste virtuose qui ne supporte plus la ritualisation de ses prestations est saisissante d’étouffante vérité.
Un cinéma feutré mais qui aborde avec lucidité le vieillissement et ses ratiocinations, la solitude et ses dérivatifs parfois bizarres.
Danièle Thompson, tout le monde le sait, est la fille de Gérard Oury. Tombée petite dans la marmite, comme Obélix, elle a transmis à son fils, son co-scénariste attitré (Christopher Thompson), le gène 7 comme 7ème art.
Mais ce film nous donne à voir un autre type de filiation : celle du talent qui rend crédible le rôle de Cécile de France en petite fille de Suzanne Flon (qui disparaissait peu après le bouclage du film).
De l’une à l’autre la relève de la fraîcheur et de la pétillance est assurée. Et bien assurée. (m.c.a)
(*) Seuls absents de ce film qui se nourrit du monde de la création : les critiques d’art. Est-ce un hasard ou un oubli volontaire motivé par le fait que ceux-ci préfèrent de toute façon les actions qui se passent dans des squats (de banlieue défavorisée si possible) aux histoires de « beaux quartiers » ?