Chronique dramatique
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EROS

Michelangelo Antonioni, Steven Soderbergh, Wong Kar-Wai(France-Italie-USA-Luxembourg 2004 - distributeur : Alternative Films)

Gong Li, Robert Downey Jr, Chang Chen

106 min.
12 octobre 2005
EROS

L’homéostasie d’un ensemble dépend-elle de l’équilibre de chacune de ses parties ou au contraire tient-elle à la richesse différente de ses composantes. Les plus denses compensant les plus faibles.

Cette question n’est pas que métaphysique, elle est aussi cinématographique tant l’impact visuel et émotionnel laissé par les 3 courts métrages d’ « Eros » est aussi variable qu’un tracé issmographique.

Une même thématique pour les 3 cinéastes : l’homme, la femme et le désir érotique.
3 déclinaisons différentes.

Antonioni se la joue « Suzanne et les vieillards » et à part le désir farouche de rester accroché à son sujet de toujours (le couple et l’incommunicabilité), désole par son travail plat qui s’apparente plus à un épisode de « L’ île aux tentations » qu’à un souvenir même ténu de ses sixties splendeurs. (Séquence 1 : Le périlleux enchaînement des choses)

Soderbergh, dans un traitement magnifique du noir, du blanc et du gris, se livre à une réflexion, que n’aurait pas désavouée Lacan, sur la topique du fantasme dans une cure analytique. Le psy prête une oreille à l’attention flottante à ce que dit son analysant ( un Robert Downey Jr complètement revitalisé) pendant qu’il fouille à la longue vue ce qui se passe derrière la fenêtre de la maison d’en face. Et au fait s’y passe-t-il autre chose que ce que le spectateur souhaite y voir ? (Séquence 2 : Equilibre)

Wong Kar-Wai termine le film par ce qui s’appelle un bouquet lorsque le feu d’artifice se termine en somptuosité.
Sa partition est magnifique, elle est aussi vibrante que les corps, les souffles, les visages qu’elle saisit dans leur feu amoureux.
Elle palpe, comme le tailleur le fait avec la soie des robes qu’il ajuste sur sa cliente, (fascinante Gong Li) la violence du charivari émotionnel qui empoigne celui qui découvre que fièvre du corps et désespérance de l’âme peuvent être sœurs jumelles.

J’ai lu quelque part qu’un autre comparse avait été contacté pour intégrer sa séquence dans ces fictions autour de l’érotisme : Almodovar.

Je vous laisse rêver à ce que sa caméra sulfureuse aurait imaginé ….