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Enzo

Laurent Cantet, Robin Campillo

Eloy Pohu, Maksym Slivinskyi, Pierfrancesco Favino, Elodie Bouchez

2 juillet 2025
Enzo

Enzo (Eloy Pohu), 16 ans, est apprenti maçon à La Ciotat. D’un milieu aisé, ses parents ne comprennent pas son choix et veulent qu’il fasse des études, un métier artistique.
Enzo se cherche, il est mal dans sa peau, en lutte contre son milieu familial, en recherche d’identité. Fils de bourgeois, il tient à travailler de ses mains, à bâtir quelque chose de solide, brique après brique. Il se confronte à la brutalité du monde du travail, refuse d’être couvé dans sa classe sociale de riches. Lui qui a toujours été protégé et à l’abri du besoin, il rejette cette facilité, synonyme d’inertie pour lui.

Il expérimente le désir, pour une fille, pour un homme, les sentiments qui débordent, les tous et riens de l’adolescence. C’est du pur romantisme, comme on en connaît à 16 ans. Où trouver une échappatoire dans ce monde absurde ?

Avec beaucoup de sensibilité et de délicatesse, Robin Campillo scrute cet adolescent en plein questionnement existentiel. Face à un présent tissé d’incertitudes, mal maîtrisé et violent, Enzo se cherche, veut savoir quoi faire de sa vie, cherche des alliés, des amitiés, se confronte au monde, s’oppose aux diktats, invente, choque comme font les adolescents, à la vie, à la mort, sans nuances.
C’est aussi le portrait d’une jeunesse en questionnement, en manque de repères, confrontée à la violence du monde. L’avenir est inquiétant, plus pour certains que d’autres. Les deux amis ukrainiens ont fui leur pays en guerre, maintenant qu’ils ont l’âge, vont-ils repartir pour se battre, mourir peut-être ?Ont-ils le choix ? C’est là où la fracture des deux mondes est la plus évidente. Enzo a le temps et les moyens pour se trouver, ses collègues maçons pas.

Maksym Slivinskyi, maçon dans la vraie vie, est excellent dans son rôle de mentor, qui exerce une attraction chez Enzo, objet d’un désir naissant car rude et doux en même temps, avec une masculinité libre, hétérosexuel, nullement intéressé par les avances d’Enzo.
Le pére, Pierfrancesco Favino, attentif, présent, ne comprend pas son fils. Le plus âgé , lui, correspond parfaitement au parcours qu’il a envisagé pour lui, Enzo s’y oppose, juge son milieu, le rejette. La mère, Elodie Bouchez, douce et compréhensive, l’entoure d’affection mais elle est aussi pour Enzo engluée dans ce monde friqué.

Le récit est tiré du dernier scénario de Laurent Cantet, décédé en avril 2024 à 63 ans.
Son complice de toujours, Robin Campillo, s’est chargé de le mettre en scène, en hommage à son ami. Il y mêle leurs deux sensibilités pour décrire cette personnalité en devenir.
Présenté en ouverture de la quinzaine des Cinéastes, le film clôture la riche filmographie du talentieux et regretté Laurent Cantet.

Drossia Bouras