Comédie sociale
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EL ULTIMO TREN

Diego Arsuaga (Argentine/Espagne/Uruguay 2002 - distributeur : CNC)

José Soriano, Federico Luppi, Hector Alterio

93 min.
26 avril 2006
EL ULTIMO TREN

Il y a dans le cinéma sud-américain (*) tout un courant bien particulier qui souligne que, dans ce continent où tout devient si vite problème (économique, politique ou social), les difficultés du quotidien peuvent être traversées avec la bonté et le goût de la solidarité en bandoulière.

Antithèse de la violence ou du désespoir qui lézardent des films comme « El Citade Del Deus » ou « Batalla en el Cielo », « Bombon el Perro » de Carlos Sorin est devenu emblématique de ce mainstream de générosité qui fait des micro événements de la vie des occasions de rencontres incongrues et profondément humaines.

« El Ultimo Tren » pose, avec moins de poésie peut-être mais tout autant de bienveillance, un regard sur un pays, l’Uruguay, dont les antiquités nationales sont vendues à des étrangers.
Ainsi la locomotive « 33 », magnifique engin à vapeur du XIXe siècle, a été achetée par un studio d’Hollywood sans que personne ne s’oppose à ce qui, pour les héros du film, s’apparente à un pillage auquel ils comptent bien résister en dérobant la « 33 », la veille de son départ pour les Etats-Unis, pour l’amener en lieu sûr.

Commence alors un voyage qui, en soi n’a rien d’extraordinaire, mais qui pourtant acquiert au fil des kilomètres de fuite, une dimension communautaire parce que le slogan « Le patrimoine ne se vend pas » se transforme en bannière à laquelle vont se rallier les habitants des régions parcourues et les téléspectateurs sensibilisés à ce périple par des media toujours à l’affût d’un scoop.

Les parties prenantes à ce voyage sont trois vétérans du rail, amis de longue date qui ont choisi d’organiser cette aventure pour (aussi) se prouver que vieillir n’est pas synonyme de routine.

Nos trois compères - dont le chaleureux Federico Luppi, celui-là même qui apportait au film « Lugares Communes » une touche de frémissante sensibilité - sont, malgré leurs problèmes de mémoire ou de coronaires, des « Tough Guys » (comme l’étaient Burt Lancaster et Kirk Dougals dans le film du même nom).

Ils ont un petit quelque chose de l’humour, du sens de la transgression et de la débrouillardise qui rappellent le quatuor des « Space Cowboys ».
Ils attirent notre vive sympathie, tout comme le bleu intense du ciel uruguayen – regardez-le souvent, il en vaut la peine – nous subjugue par son immensité révélatrice de ce quelque chose qui s’approche de la grandeur des choses et des êtres.

(*) dont la Cinémathèque, en collaboration avec la maison de l’Amérique Latine, va présenter, du 17/05 au 27/05, une représentative sélection argentine. (m.c.a)