Thriller
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DREAMHOUSE

Jim Sheridan (Etats-Unis, 2011)

Daniel Craig, Rachel Weisz, Naomi Watts, Elias Koteas, …

91 min.
5 octobre 2011
DREAMHOUSE

Will Atenton, éditeur newyorkais chevronné, quitte emploi et métropole pour déménager avec sa famille, sa femme Libby et leurs deux enfants, dans une petite ville de Nouvelle Angleterre. Peu à peu, une ambiance pesante s’installe au sein des quatre murs de leur nouvelle demeure. Cinq années auparavant, une famille entière y fut sauvagement décimée, à l’exception du père, Peter Ward, ce dernier restant à ce jour le suspect numéro un pour ce crime sanglant. 

Commence alors pour Will Atenton une remontée aux sources qui va le mener à raviver ses souffrances les plus intimes. C’est dans ce trait que réside l’une des forces de cette histoire, dans l’aliénation mentale d’un homme qui ne peut se résoudre à faire face à une réalité insurmontable et dont le subconscient va, pour survivre, servir de barrière.

Jim Sheridan aborde pour la première fois de sa carrière un thriller dramatique empreint de données qu’il se plait à explorer, celles des liens familiaux particulièrement (comme dans In America en 2003, ou Brothers en 2009). Il est un cinéaste qui s’attache tout particulièrement aux ambiances (tranchées, entre une maison délabrée et la chaleur des instants familiaux) plutôt qu’au traitement dynamique habituellement mis en avant dans le genre précité.

Plusieurs références rappellent des ‘classiques’ ( Shining (Stanley Kubrick, 1980)) ou des films reconnus pour leurs twists surprenants (notamment Shutter Island (Martin Scorsese, 2010) ou The Others (Alejandro Amenábar, 2001)). Rien de bien nouveau donc du côté de la mise en scène, cette dernière laissant quelque peu à désirer - la palme revenant au traitement de l’une des révélations finales, trivial, amené abruptement et posé maladroitement.

C’est finalement le jeu du trio principal d’acteurs qui contrebalance les larges faiblesses de cette œuvre d’un manichéisme un peu simpliste et desservie par un scénario maigre qui peine à étirer l’intrigue sur une heure et demie.

Malgré cela, pourquoi alors défendre ce film ? Peut-être parce que rien ne vaut le sourire de Rachel Weisz, sa sincérité, son côté vibrant et palpable crevant l’image ou l’authenticité féroce de Daniel Craig qui s’en donne à cœur joie pour explorer une part élargie (du moins par rapport aux personnages cowboyesques et autres surhommes) de sa palette de jeu. Ces deux-là ayant d’ailleurs fait se rencontrer réalité et fiction en confirmant leur relation d’époux à l’écran par un mariage effectif à la ville.

Enfin, la touche Sheridan, teintée d’humanité et d’un amour profond pour ses personnages, est un atout de taille colorant le cinéma du réalisateur. Pour tous ces plaisirs réunis, on peut ressortir touché de cette maison en proie aux flammes, ému par un final qui prend le temps de clôturer en beauté, avec la sensation d’avoir rencontré une tribu pas comme les autres et d’avoir partagé un brin d’histoire avec elle.

( Ariane Jauniaux )