Malou Khebizi, Andrea Bescond, Idir Azougli
Dans un contexte où la téléréalité occupe une place importante dans le quotidien des jeunes téléspectateurs, Diamant Brut s’impose comme une œuvre révélatrice. Il offre un regard nuancé sur les motivations humaines et la quête d’identité à travers la lentille de ce phénomène moderne.
Dans Diamant Brut, on suit le destin prêt à être chamboulé de Liane une jeune femme de 19 ans qui passe un casting pour participer à une émission de téléréalité. C’est son rêve ; elle veut être sélectionnée, il n’y a pas d’autre issue possible.
Au départ circonspect face à ce désir, on comprend au fil des scènes les ambitions de Liane. Dépassant les clichés de la superficialité, son entrée dans le monde de la téléréalité apparaît avant tout comme un moyen de se libérer de son environnement familial étouffant. Ce qu’elle recherche en priorité, c’est l’apport financier que lui fournirait cette expérience et qui lui permettrait de fuir sa situation familiale. Un acte de survie plus que de gloire. Le besoin de changer de vie.
Le film explore le sujet sans juger ni moraliser mais en donnant au spectateur les clés pour comprendre les choix de Liane. Il dépeint la tension entre l’aspiration à une vie meilleure et la nécessité de préserver son intégrité. Derrière les apparences, se cache une authenticité et une vulnérabilité qui cherchent à éclore.
Le personnage de Liane est écrit avec toute sa complexité, ses contradictions et ses limites, de telle sorte qu’on ne peut que ressentir de l’empathie envers elle. De plus, elle fait face d’une part à la violence de la société (en tant que femme) et à la violence des réseaux sociaux (où les injures et les menaces de mort s’écrivent en quelques secondes et se postent en un clic).
Ce personnage est interprété par une actrice remarquable Malou Khebizi, tout juste nommée lors de la dernière cérémonie des César en tant que révélation féminine. Elle livre une prestation juste et captivante.
Diamant Brut se distingue aussi par sa belle mise en scène, avec notamment de véritables instants de paraitre, des images sans narration, qui sont là presque “pour être belles”, et qui renvoient subtilement à la superficialité du milieu de la téléréalité.
Pour couronner le tout, Diamant Brut est le premier film d’une cinéaste, Agathe Riedinger. Le film a été présenté en avant-première à Cannes puis dans de nombreux autres festivals, belges notamment, jusqu’à arriver dans nos salles cette semaine. Ce long-métrage est une belle surprise et nous révèle une réalisatrice et une actrice, dont on suivra de près la carrière.
Flore Mouchet