Autour des réseaux sociaux
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DEUX MOI

Cédric Klapisch (France, 2019)

François Civil, Ana Girardot, Camille Cottin, François Berléand, Simon Abkarian...

100 min.
11 septembre 2019
DEUX MOI

Rémi (François Civil) travaille comme ouvrier dans un entrepôt (aux airs d’Amazon) avant d’être promu téléconseiller. Mélanie (Ana Girardot) est chercheuse en biologie. Ils ont tous les deux trente ans, vivent seuls dans des immeubles voisins, fréquentent la même épicerie, la même ligne de métro et ont des problèmes de sommeil…

“Deux moi” se penche sur la solitude des grandes villes à l’ère de l’hyperconnexion où deux personnes peuvent se croiser tout le temps mais ne jamais se voir…
Afin d’égayer leur morne petite vie et sortir un peu plus, l’un des personnages essaie les réseaux sociaux, l’autre les applis de rencontre, mais tout cela ne fait qu’exacerber leur sentiment de solitude et la soif d’une vraie rencontre. Pour essayer de surmonter ce mal-être qu’ils n’arrivent pas à nommer, ils entament une autre démarche parallèle : ils vont voir un psy (l’un suit une psychothérapie, l’autre une psychanalyse). Car qu’ils veuillent bien se l’avouer ou non, tous les deux souffrent dans une certaine mesure de dépression, mot qui fait un peu peur à l’ère d’Instagram où tout le monde paraît toujours heureux et accompli.

“Deux moi” rend un véritable hommage à la psychanalyse, métier qui tient particulièrement à coeur aussi bien à Klapisch dont la mère est psychanalyste qu’au co-scénariste Santiago Amigorena (qui a ses deux parents psy). Les deux personnages des thérapeutes interprétés par François Berléand et Camille Cottins sont fort intéressants et assez éloignés des clichés associés au métier qu’on voit habituellement au cinéma.

Vous l’aurez compris, on est loin de la joyeuse ambiance Erasmus de “L’auberge espagnole” (2002) ; c’en est fini des fêtes, des nombreuses rencontres et du sentiment que tout est possible. Mais “Deux moi” réussit cependant l’exploit de traiter de dépression et de mal-être sans en devenir triste ou pesant pour autant ! Teinté de mélancolie mais ne manquant ni d’humour ni d’optimisme, c’est avec beaucoup de tendresse et de légèreté que le film dresse le portrait de cette génération de trentenaires qui se cherchent et tentent d’être heureux dans le monde urbain actuel.

Nadia Vodenitcharov