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DEATH PROOF

Quentin Tarentino (USA 2007 - distributeur : A-Film distribution)

Kurt Russell, Rosario Dawson, Rose McGowan

110 min.
6 juin 2007
DEATH PROOF

Il y a deux sortes de fans. Les inconditionnels et les exigeants. Ceux-ci risquent d’être déçus par ce « Death proof », bien loin de l’humour déjanté de « Reservoir dogs » et de la tonalité pop’art des « Kill Bill ».

Tarentino, lorsqu’il « tarentine » tourne en rond et finit par ennuyer. Et l’ennui, comme chacun sait, engendre des questions embarrassantes.

Finalement qui est Tarentino ? Un cinéaste à la surprenante maîtrise scénographique ?

Un grand (et vieux) gosse incapable de sortir de l’envie de se faire plaisir en vroum-vroumant, à toute allure, le bitume des autoroutes américaines ?

Un verbeux au vocabulaire limité ? Un (a) mateur de donzelles agressivement carrossées ? Un obsédé de la destruction des corps par pénétrations frontales mises en scène comme si elles étaient des orgasmes.

Chaque spectateur a sa réponse. La mienne est d’être excédée par ces étalements de violence et d’actions échevelées sous l’alibi culturel revendiqué de rendre hommage aux « grind houses » ces cinémas minables dans lesquels étaient projetés les films nuls des années 1970 (*) et les "slashers" (thrillers d’épouvante) de la décennie suivante.

« Death proof » est l’histoire clinquante, pleine de bruits et de fureurs, d’un cascadeur psychopathe (un Kurt Russell, plus « culte » que jamais, qui porte emblématiquement la balafre comme il arborait, dans « New York 1977 » le bandeau sur l’œil) qui aime emboutir les jeunes filles au volant de sa Dodge vintage.

Sur cette mincissime trame anecdotique Tarentino va accrocher toute une série de poursuites qu’il filme à la façon d’antan (pellicule vieillie et rayée, sauts d’images, faux raccords…). Occasion pour lui de s’amuser et pour le spectateur d’attendre patiemment le moment où Mike rencontrera une horde de viragos avec laquelle il entamera un extravagant corps-à-corps. Amenant enfin de la modernité - les Walkyries roulent en 4x4 - dans cette complaisante et inutile plongée dans le passé des séries B.

Si vous aimez les films de voitures, allez voir « Cars » le dessin animé de John Lasseter , « Crash » de David Cronenberg à l’intéressante réflexion métaphysique ou encore « Straight story » de David Lynch dont la profonde humanité attendrit.

Comparé à ces 3 mises en perspective véhiculaire, « Death proof » tient mal la route. Régressivement agrippé à la toute puissance de la pensée infantile qui nie la mort comme le souligne, sans mise à distance ironique, le titre.

Il y a tant de films à voir et si peu de temps. Il vaut mieux ne pas le perdre en daube bavarde comme un mainate sous amphétamines. (m.c.a)

(*) l’hebdomadaire français « Charlie Hebdo » numéro 781 du 6 juin reprend en sa page 12 une liste quasi exhaustive des réalisations qui ont inspiré Tarentino.