Drame
2étoile(s) 2étoile(s) 2étoile(s) 2étoile(s) 2étoile(s)

DAM STREET

Li Yu (Chine 2005 - distributeur : ABC Distribution)

Liu Yi, Huang Xingrao

93 min.
28 mars 2007
DAM STREET

La sexualité, et particulièrement celle des adolescentes, semble poser le même problème aux dictatures qu’elles soient politiques ou religieuses.

Honte aux jeunes filles roumaines (*) envoyées en camp de redressement moral pour avoir osé flirter dans l’enceinte scolaire, irlandaises (**) enfermées pour avoir enfanté hors mariage, ou chinoises comme Xiao-Yun, l’héroïne de « Dam street » expulsée de son lycée lorsqu’un de ses professeurs se rend compte qu’elle est enceinte.

« Dam street » est une histoire touchante qui nous parle d’amour et d’exclusion, de chagrins et de tentatives courageuses pour s’en sortir, d’avenir toujours incertain parce qu’il repose sur un passé mal cicatrisé.

C’est une histoire forte qui mêle deux regards, celui d’une société entravée par de rigoureuses normes sociales qui la poussent à regarder avec une curiosité critique ceux qui les enfreignent et celui d’un petit garçon, Xiao Yong, préservé, par son innocence intuitive, de ce poids des convenances.

C’est une histoire grave entre une jeune femme qui découvre, avec un malaise grandissant, que la seule personne à lui montrer considération, tendresse, et intérêt, est bien plus qu’un simple ami.

C’est aussi une confrontation entre deux instincts maternels. Celui d’une mère biologique et celui d’une mère adoptive pour le même enfant. La première décidera, et ce choix est le seul qui lui apportera une paix qu’elle n’a jusqu’à présent jamais connue, de partir pour ne pas ternir, de questionnements stériles, l’amour serein de la seconde.

Ce film, à la fois doux et amer, est le premier d’une jeune réalisatrice au regard sensible et responsable. Elle ne cherche pas d’excuse à la conduite de ses personnages, elle se contente de les filmer avec une délicate monotonie (proche parfois d’un occasionnel ennui) évoquant subtilement les changements de la Chine dans les années 1980/1990 notamment ceux qui concernent les femmes et leur lente émergence d’une position trop longtemps sacrificielle.

Les acteurs jouent avec une bouleversante finesse. Surtout Liu Yi et Xiao Yong qui, tantôt soumis aux coups du destin, tantôt résilients, semblent avoir, de l’élément aqueux auquel le titre fait écho, le flux constant et secret. Leur direction, plus qu’une mise en scène un tantinet trop routinière, a certainement justifié le prix du meilleur réalisateur attribué à Li Yu lors du Festival de Gand 2005. (m.c.a)

(*) « Comment j’ai fêté la fin du monde » de Catalin Mitulescu
(**) « The Magdelene sisters » de Peter Mullan