les musiciens, habitants et visiteurs d’Istambul
Depuis peu les écrans de cinéma sont devenus d’intéressants supports musicaux, résistant intelligemment à l’invasion des iPod et autres stockages numériques des sons.
En 2003 Scorsese a lancé les festivités avec son histoire du blues dépliée en 7 volets, German Kral a pris le relais en 2004 avec « Musica Cubana » et en 2005 Mika Kaurismaki a exploré « le choro » dans son beau « Brasileirinho »
Aujourd’hui c’est à la musique d’Istambul que rend hommage le cinéaste Fatih Akin un peu dans l’esprit de Wim Wenders dans « Buena Vista Social Club » qui consiste à faire revisiter par un musicien non indigène la musique locale.
Wenders avait travaillé avec Ry Cooder, Akin le fait avec Alexander Hacke, bassiste d’un groupe allemand qui crée de la musique avec ce qui lui tombe sous la main (bruits de papier, plaques d’acier).
C’est sous sa houlette que le spectateur va découvrir à quel point la musique stambouliote actuelle réussit le pari de symbioser les rythmes orientaux et ceux du rock, du punk et du hip hop.
La parti pris intimiste du cinéaste (petite caméra portée) de filmer dans des endroits off grandes scènes tels des boîtes de nuits, cafés, bain turc ou la rue, donne au film un ton particulièrement chaleureux, ondoyant mais qui n’exclut pas un regard plus politiquement pénétrant.
Est-ce un hasard si l’une de ces rencontres musicales métissées a lieu sur le Bosphore, ce lieu stratégiquement considéré comme point de passage ou de rupture entre l’Occident et l’Orient ?
Manifestement Akin y a vu une plateforme d’union entre les cultures (y compris la Kurde) et à-travers celles-ci un rapprochement fédérateur entre les peuples symbolisé par une version anatolienno-grunge de « l’Internationale ». (m.c.a)