Anita Caprioli, Caterina Murino, Valerio Mastandrea, Giuseppe Battiston
Il y a films pour lesquels on a un « buntje ». Avec lesquels on tombe en immédiate sympathie.
Non pas qu’ils soient meilleurs que beaucoup d’autres mais simplement parce qu’il s’en dégage une énergie, une faconde, un goût de (et pour) la vie qui mettent de bonne humeur.
Pourtant tout n’est pas drôle dans la vie de Stefano. Rocker plutôt raté, trompé par sa copine il décide de retourner, espérant sans doute s’y faire plaindre, cajoler ou requinquer, chez lui, en Emilie.
En fait chez papa et maman déjà encombrés d’un grand frère largué par son épouse et d’une sœur qui a quitté l’université pour s’occuper de dauphins.
Ces quatre là, déjà passablement déjantés - le père en pré-retraite forcée et la mère en « trip chamanique » - vont néanmoins ouvrir, au fils prodigue, leurs bras et leurs cœurs.
Pour lui raconter, mezzo voce, une intimité teintée d’amertume, de difficultés économiques et de couacs amoureux.
Gianni Zanasi ne dessine pas seulement le portrait d’un quadragénaire en recherche de lui-même ou d’une famille en crise financière, il porte sur l’Italie de la bourgeoisie moyenne un regard tantôt sceptique tantôt désenchanté.
Là où Berlusconi est passé, bien des choses ont trépassé. Il n’est pas fait référence explicite aux conséquences de ses mandats primoministériels mais pourtant celles-ci constituent l’arrière fond d’une narration dont la légèreté et l’humour ne sont que les politesses rendues à une ambiance dépressive qui ne se dit pas.
Même s’il n’y a pas - et c’est peut-être normal pour une première réalisation - chez Zanussi le cynisme d’un Risi, le mordant d’un Moretti, la tendresse ironique d’un de Sica, il y un charme. Indéniable et palpable.
Qui doit beaucoup à son acteur principal, Valerio Mastandrea et à un naturel de scénographie, vivifié par une bande son pop/punk en klaxonnante rupture avec l’ampleur des opéras de Verdi/Rossini ou le romantisme de Chopin.
L’enfant comme symptôme d’une famille, celle-ci comme symptôme d’une société, l’idée n’est pas neuve. Exploitée souvent au cinéma, avec plus ou moins de grâce et de pertinence (*), elle trouve ici une résonnance équilibrée entre émotion et (sou) rire.
Quand le film se termine sur un saut - celui de la confiance en soi enfin trouvée - déclencheur comme celui de « Billy Elliot » d’une hormone de bien-être cinéphilique, le spectateur se dit que plutôt que « Ciao » c’est « Bongiorno » qu’il a envie de dire à Stefano. (m.c.a)
(*) « The Royal Tennenbaums » de Wes Anderson, « Un conte de Noël » d’Arnaud Desplechin, « The magnificent Ambersons » » d’Orson Welles, « Ana y los lobos » de Carlos Saura, « La famiglia » d’Ettore Scola …..