Julia Roberts, Tom Hanks, Philip Seymour Hoffman
Rien à avoir avec le film de Peter Yates « Murphy’s war ». Dans cette guerre, celle de Charlie Wilson, on n’est pas sur les champs de bataille mais dans les coulisses.
Celles de Washington et de son comité de financement qui détermine le montant des sommes allouées par le gouvernement pour soutenir les interventions ciblées de la CIA.
Charlie Wilson est un député du Texas. Il aime les femmes, le whiskey et n’hésite pas à de temps en temps sniffer une ligne de coke. Bon vivant il est, avec autant d’entrain, un bon libéral. Il a comme amie une passionaria oxygénée qui déteste les communistes qu’elle souhaite, aidée par Jésus et ses dollars - elle est immensément riche - bouter hors d’Afghanistan.
Comment ? En armant les résistants à l’envahisseur d’armes… russes fournies par les Israéliens et les Egyptiens sous l’égide du Président du Pakistan.
La colorature de « Charlie.. . » est au diapason de son synopsis : hétéroclite, cynique et amusant.
On y rit et on y frémit.
Parce que connaissant la suite de l’histoire, la défaite des Soviétiques ne sera pas en 1989 la happy end souhaitée mais la porte ouverte à l’entrée du loup dans la bergerie : les moudjahidin, ignorés puis alliés deviendront les ennemis de demain. Ceux dont la gratitude prendra la forme de bombes humaines lancées contre les Twin Towers de Manhattan.
Même s’il sacrifie de façon un peu trop manifeste à la recherche de bons mots et de dialogues censés faire mouche, « Charlie… » est une fictionnalisation hollywoodienne - dans le bon sens du terme : efficacité du réalisateur mise au service du plaisir du spectateur - d’une histoire vraie relatée par un journaliste de CBS News, George Crile, dans sa biographie (*) consacrée à « Good Time Charlie ».
Avec Mike Nichols (76 ans !) on n’est pas dans la palette austère du « Cinéma : le moment de vérité » chère à Francesco Rossi (**) mais dans une entreprise menée tambour battant et séduction en fleur de kalachnikov dont la préoccupation première est de rappeler que le 7ème art est un outil de communication qui ne perd jamais de vue que le spectateur doit être diverti.
Communication et hédonisme qui trouvent en ses trois acteurs principaux des ambassadeurs de charme. Une Julia Roberts (familière de l’univers acerbe de Mike Nichols depuis « Closer ») excentrique, un Tom Hanks réjouissant et un Philip Seymour Hoffman confirmant, dans un rôle de beauf mal embouché, qu’il est l’un des plus extraordinaires caméléons-sur-toile de ces dernières années.
Pour s’en convaincre, il suffit de coupler sa prestation dans « Charlie… » à celle de « Before the devil knows you are dead », distribué cette semaine, de Sidney Lumet (84 ans !) et le mot talent devient kaléidoscopique. (m.c.a)
(*) Parue aux éditions Grove/Atlantic et scénarisée par Aaron Sorkin
(**) « Salvatore Giuliano »