Adrian Vancica (Gelu), Nicoleta Hancu (Florina), Emilia Dobrin (Margareta Dinca)
20 décembre 1989. La Roumanie est au bord de la révolution. Les autorités préparent les festivités du Nouvel An comme si de rien n’était ou presque mais le vernis officiel commence à craquer.
Dans l’effervescence de la contestation, six destins vont se croiser au fil d’une journée pas comme les autres. Jusqu’à la chute de Ceausescu et de son régime.
Le personnage de Florina, actrice convoquée pour remplacer celle qui doit être effacée sur l’image des vœux, est un des personnages centraux. Le texte qu’on lui impose, plein de louanges pour le dirigeant en place, ne peut sortir de ses lèvres. C’est aussi celle qui montre le mieux les pénuries, les détournements en vogue pendant ce régime autoritaire.
Il y a aussi un jeune homme qui prévoit de fuir à l’ouest avec des amis, une vieille dame qui ne veut pas quitter son appartement qui va être détruit, son fils qui tente de trouver une solution…
Peut-on refuser quelque chose à ceux qui sont à la botte des dictateurs en place ? C’est le propos de ce film choral sur les derniers jours de la dictature de Ceausescu.
C’est le premier film roumain sur l’importance du collectif pour vaincre l’oppression. Il faut un certain temps pour identifier les protagonistes du film mais la longueur du récit met bien en lumière toutes les interactions et parvient à conserver notre intérêt qui va crescendo jusqu’aux très émouvantes séquences finales. Leurs trajectoires, qui se croisent ou s’effleurent tout au long du film, tissent une fresque unique.
La musique du Boléro de Ravel suit les protagonistes en fond sonore de plus en plus soutenu.
Les personnages, pourtant connectés entre eux, éprouvent un sentiment de solitude et d’isolement. La peur et le soupçon transforment la société en un archipel d’îles minuscules et fermées. Les citoyens s’habituent au double langage, à chuchoter, à faire semblant et à marcher sur des œufs lorsqu’ils ont affaire à quelqu’un qui a du pouvoir.
Les rouages des régimes communistes sont mis en évidence dans leur quotidien : écoutes, surveillances, dénonciations…
Bogdan Muresanu a vécu la journée du 21 décembre 1989 lorsqu’il était enfant. Il dit dans un entretien que la structure du film lui a permis de mettre en lumière les différentes réactions de citoyens ordinaires face à la disparition d’un monde. Elle révèle également leur humanité alors qu’ils traversent des instants de souffrance tangible, parfois empreints d’absurde, parfois purement drôles. Il a essayé de restituer l’atmosphère de cette journée emplie d’une joie immense. On sait qu’après cet évènement exceptionnel, il y a eu de la violence et des morts. Plus tard de la déception.
Mais comme le réalisateur a choisi de réaliser un film « feel good movie », le récit se termine sur une journée parfaite, avec les images d’archives, à ne surtout pas manquer !
Drossia Bouras
Prix du meilleur film Orizzonti et prix de la critique internationale au Festival de Venise 2024.
Grand prix du jury en 2025 au festival d’Annonay.