Voix en V.O. Paul Newman, Owen Wilson, en V.F. Guillaume Canet, Cécile de France
« CARS » ou comment une histoire simplissime, dont le pari est de reposer uniquement sur un monde peuplé d’autos, évoque à la fois Lamartine
« Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? »
et Roland Barthes pour qui, dans ses « Mythologies », la Citroën DS 19 était la forme la plus accomplie d’un art humanisé.
Flash, fougueuse et arrogante Ferrari rouge, s’ égare dans un bled perdu. Va-t-il, comme Michael Fox dans « Doc Hollywood » de Caton-Jones pouvoir s’accommoder de la tranquillité débonnaire de ses habitants ?
Lasseter a, et il aime à le répéter, un moteur vrillé au cœur mais si son récit emballe c’est avant tout parce qu’il a su inventer un monde dont la réification n’exclut pas l’humanité.
En effet avec une habileté redoutable, notamment au niveau des yeux des autos qu’il place à hauteur du pare-brise (et non des phares) il amène le spectateur à une identification qui réfléchira les effets pervers ou positifs d’une Amérique tiraillée entre deux modes de vie : celui des gagnants - cyniques, individualistes, toujours pressés et les autres - solidaires, ringards, qui prennent le temps de vivre.
L’anthropomorphisme au cinéma n’est pas nouveau, mais Lasseter arrive à en jouer avec une sympathique intégrité crédibilisant, par une ingénieuse adéquation entre un profil psychologique et un objet, la personnification d’un véhicule. Ainsi peut-on rêver mieux pour incarner un vieux militaire qu’une jeep déclassée ou un hippie qu’une camionnette VW qui carbure au fuel bio ?
« CARS » est construit avec un tel brio et un tel souci du moindre détail que l’on se prend à souhaiter une imperfection pour redonner au projet sa dimension humaine.
Bourré d’énergie le film l’est aussi de nostalgie pour ces petites villes qui, bâties au bord de la légendaire « Route 66 » - celle comme le chantait Chuck Berry qui partait de Chicago pour L.A - ont été désertées par les voyageurs qui préfèrent emprunter les rapides autoroutes modernes.
Avec un entrain communicatif, Lasseter nous rappelle que ce qui compte dans la vie c’est le voyage et non la destination. Message élémentaire qu’une vie trop trépidante nous fait souvent oublier. Se le faire remettre en mémoire n’est jamais superflu. (m.c.a)