Film d’animation
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BLANCHE-NEIGE, LA SUITE

Picha (France/Belgique - distributeur : Cinéart)

les voix de Cécile de France, Jean-Paul Rouve

85 min.
31 janvier 2007
BLANCHE-NEIGE, LA SUITE

Alors, Picha. Gaga (avec un « c » ça marche aussi) ou dada ?
Trash ou clash. A vous de voir.

30 ans après « Tarzoon, la honte de la jungle », le dessinateur belge revient au cinéma.

Toujours taraudé par l’esprit Hara-Kiri et plus potache que jamais, il se colle à une question que tous les amateurs des contes de Perrault et de Grimm se posent : qu’est-ce qui se cache derrière l’énigmatique « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » ?

Dans sa réponse, Picha ne fait aucune cadeau aux dogmes véhiculés par Walt Disney et autres fabriques à bien dessiner et bien penser.

Au moment où sort un hors-série du magazine le Nouvel Observateur sur « Pourquoi croyons-nous aux contes de fées ? », Picha, en contrepied satirico-salace, aux doctes réflexions des philosophes, psychologues, linguistes et sociologues (*), suggère qu’en fait cette croyance n’existe que pour être gauchie, pervertie ou vérolée.

Parce que les jeunes filles n’ont plus envie de se rêver en princesses. Elles préfèrent s’imaginer en dominatrice (la belle au bois dormant), en nymphomane (Cendrillon) ou en obsédée sexuelle (la bonne fée). Tout comme les Princes Charmants qui, pour coller à l’impuissance des temps, ont besoin de viagra pour honorer leur bien-aimé.

L’audace de Picha est moins langagière - depuis la libidineuse verdeur des films destinés aux grands enfants et aux teenagers (la série des « Apple pie », « Mary à tout prix ») il est devenu difficile de choquer - que chromatique.

Le recours à une palette de couleurs-confiserie façon bonbecs confère au propos un acidulé réjouissant parce qu’il redonne une place au mauvais goût. Et que c’est plutôt réjouissant à une époque où les normes du « comme il faut » teintent notre regard sur le monde d’un puritanisme mensonger.

Picha se moque d’être correct, d’être ennuyeux. Il essaie d’être lui-même c’est-à-dire un iconoclaste, un païen, un foutraque.

Et lorsque c’est la voix de Cécile de France qui est chargée de donner vie à ses démystifications, il est encore plus facile de prendre son pied. (m.c.a)

(*) Jean-Claude Kaufmann, Marcel Conche, Jean-Marie Schaeffer