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BEAUTIFUL BOY

Félix Van Groeningen

Steve Carell, Timothée Chalamet, Will Poulter, Maura Tierney, Amy Ryan, Kaitlyn Dever

121 min.
21 novembre 2018
BEAUTIFUL BOY

Le journaliste David Sheff et son fils Nic s’entendent à merveille. Mais tout bascule quand David découvre que l’adolescent se drogue. Il met alors tout en œuvre pour comprendre et sauver son fils de son addiction au crystal meth. Mais comment sauver quelqu’un qui ne veut pas forcément l’être ? Faut-il se résigner à l’abandonner ? « Beautiful Boy » raconte l’histoire vraie d’un amour inconditionnel entre un père et un fils.

En 2005, le journaliste David Sheff avait écrit un article « My Addicted Son » pour le New York Times Magazine. Deux ans plus tard, le producteur Jeremy Kleiner de la société Plan B Entertainment apprend que Sheff a aussi écrit un livre, « Beautiful Boy », qui raconte le combat de son fils contre son addiction aux drogues. Il prend également connaissance du livre écrit par Nic lui-même, intitulé « Tweak : Growing Up on Methamphetamines ». Kleiner fait alors part de cette découverte aux autres partenaires de la société, incluant Brad Pitt, et ils décident d’adapter cette histoire au cinéma. Leur choix pour réaliser ce film se porte sur le réalisateur flamand, Félix Van Groeningen, qui avait notamment décroché une nomination à l’Oscar du meilleur film étranger pour son film « Alabama Monroe » (The Broken Circle Breakdown). Après avoir tourné « Belgica », le réalisateur est donc reparti aux États-Unis pour travailler sur « Beautiful Boy » avec Amazon Studios.

Si le film se base sur deux livres, Félix Van Groeningen décide d’articuler le récit autour du point de vue du père, David. Ce choix a évidemment des conséquences artistiques puisque le réalisateur renonce ainsi à toute esthétisation concernant les scènes de drogue pour s’ancrer davantage dans un réalisme, à la différence de films tels « Trainspotting » (1996), « Las Vegas parano » (1998), « Human Traffic » (1999), ou encore « Requiem for a dream » (2000). Une prise de position qui s’inscrit dès la séquence d’ouverture. Nous y voyons le personnage de David, interprété par Steve Carell (« Battle of the Sexes », « The Big Short », « Foxcatcher ») qui explique à un spécialiste que son fils, incarné par Thimothée Chalamet (« Lady Bird », « Call Me by Your Name », « Interstellar »), est accro au crystal meth (un puissant stimulant qui fait partie de la classe des amphétamines).

Le film raconte à la fois la descente aux enfers de Nic et la douleur de David, impuissant face à l’addiction de son fils. Alternant entre les tentatives de guérison et les récidives de Nic, le film finit par s’inscrire dans une sorte de monotonie qui prend des allures de cercle vicieux car à chaque fois que Nic semble aller mieux et que David pense qu’ils arrivent à contrôler la situation, Nic finit par replonger de plus belle. À chaque fois, David et sa deuxième compagne (la mère de Nic apparait un peu plus tard dans le récit) tentent d’aider Nic jusqu’au moment où David comprend qu’on ne peut pas sauver les gens. Là est le point de non-retour qui va venir bousculer cette structure en boucle.

Un autre aspect lié cette fois-ci au montage, c’est cet aller-retour entre le présent et le passé. En effet, les flashbacks sont extrêmement nombreux, mettant en exergue les modifications induites par la drogue sur le comportement de Nic. Félix Van Groeningen semble mettre un point d’honneur à montrer les répercussions d’une telle addiction, non seulement sur la personne qui se drogue mais également sur le reste de la famille. Cette représentation se fait en l’occurrence en deux temps, d’abord le père se documente sur les effets secondaires et ensuite, cela se traduit à l’écran à travers le personnage de Nic.

Si les flashbacks permettent de confronter l’ancien Nic et celui qu’il est à présent, ils contribuent également à installer une certaine nostalgie du passé. Un temps où Nic était un adorable petit garçon, devenu plus tard un adolescent qui se sent différent des autres et qui fume un joint de temps en temps avec son père. La bande-son joue aussi un rôle important dans l’accentuation des émotions, on y trouve du Nirvana, David Bowie, Sigur Rós ou encore du John Lennon, mais jamais le film ne tombe dans un mélodrame larmoyant.

La réussite du film tient surtout au duo d’acteurs. Steve Carell, qui n’a plus rien à prouver, réussit quand même à nous surprendre dans le rôle de ce père anéanti par ce qui arrive à son fils. Quant à Thimothée Chalamet, il confirme sa place parmi les acteurs les plus prometteurs de sa génération. Il avait par ailleurs décroché au début de l’année 2018 une nomination aux Oscars à seulement 22 ans pour son rôle dans « Call Me by Your Name ». « Beautiful Boy » fait partie de ces films qui nous marque et qui laisse chez le spectateur une émotion encore palpable plusieurs jours après l’avoir visionné.

(Nathalie De Man)