Chronique dramatique
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BACKSTAGE

Emmanuelle Bercot (France 2005 - distributeur : Paradiso Filmed Entertainment)

Emmanuelle Seigner, Isild Le Besco, Noémie Lvovsky, Samuel Benchetrit

115 min.
30 novembre 2005
BACKSTAGE

Emmanuelle Bercot est une cinéaste que les relations hors normes intéressent.

Après avoir, dans « Clément » (2001), mis en scène une liaison entre une jeune femme et un gamin de 13 ans, elle récidive ce jusqu’au-boutisme du rapport amoureux avec « Backstage »

Lucie est une jeune banlieusarde mal dans sa peau, fan de Lauren Waks, chanteuse-clone de Deborah Harry et de Jeanne Mas.
Elles sont jumelées par leur mental fragile et leurs relations difficiles à l’autre (rupture amoureuse récente, père absent ou incestueux).

Ces deux-là se sont rencontrées lors d’une émission TV – épigone d’un « Stars à domicile" et se sont immédiatement reconnues dans une même approche chancelante de la réalité .

Leur relation s’affirme de façon maladivement possessive, chacune vampirisant l’autre avec une violence proche du rapport consentant victime/bourreau.

Quiconque tente de s’immiscer dans ce huis-clos malsain et morbide en sera rejeté

Cette relation fait penser, dans son mimétisme charnel et destructeur, à celle de Tom Ripley et de Dickie Greenleaf dans « Plein soleil » (1960) de René Clément.

Si le film s’apparente à une vignette clinique par son approche précise et serrée d’une passion entre une parano recluse et une borderline enfiévrée, il s’inscrit aussi dans le cadre d’une réflexion sur les rapports de force qui s’installent entre une vedette du show-bizz et son public.

Guillaume Canet dans « Mon idole » (2002) avait déjà abordé ce thème mais sur un mode plus critique et moins émotionnellement exacerbé.

La crudité de la mise en scène et le jeu des interprètes féminines (une pluie d’étoiles pour leur puissance de jeu) confèrent au film une tension et une force dépressive qui induisent le spectateur à la fascination et au malaise. (m.c.a)