3étoile(s) 3étoile(s) 3étoile(s) 3étoile(s) 3étoile(s)

Armand (La convocation)

Halfdan Ullman Tøndel

Renate Reinsve, Ellen Dorrit Petersen, Øystein Røger

116 min.
14 mai 2025
Armand (La convocation)

Le réalisateur Halfdan Ullman Tøndelen nous enferme dans un huis clos en milieu scolaire en Norvége, dans une école qui, vue de l’extérieur, semble tout ce qu’il y a de plus prestigieux. Vue de l’intérieur, nous comprenons vite que derrière ces façades historiques se cache un profond malaise. Que s’est-il passé ? le petit Jon, six ans, a été retrouvé en pleurs dans les toilettes et Armand, son copain est accusé de l’avoir agressé.
Les parents de Jon et Elisabeth, la mère d’Armand sont convoqués par le Directeur qui laisse le soin à une jeune professeur sans beaucoup d’expérience d’éclaircir rapidement l’affaire. On sent déjà venir la règle tacite de comportement de l’école : « pas de vagues « .
Alors, pendant 2 h, commence un huis clos qui, comme un thriller, va nous plonger dans une ambiance lourde et étouffante : la « convocation », nouveau titre du film, va doucement virer à l’accusation d’Armand et d’Elisabeth. Plus le temps passe, plus les demi-vérités sont dévoilées et des éléments cachés, des mensonges, des secrets apparaissent peu à peu,. Ce qui semblait évident, devient doute. Le sujet, c’est-à-dire les enfants, s’éloigne pour se concentrer sur les adultes, en un glissement subtil.
Impressionnant quand on découvre que ce film qui a remporté la Caméra d’Or au Festival de Cannes en 2024, est le premier long métrage d’un très jeune réalisateur, petit-fils d’Ingmar Bergman. Il s’est inspiré de son expérience dans une école primaire, où il a enseigné. Donnons-lui la parole pour parler de la genèse de son film :
« J’ai regardé comment ils (les parents) se parlaient et utilisaient leurs enfants comme des miroirs d’eux-mêmes. Il y a beaucoup de mécanismes psychologiques intéressants chez les petits, les parents et au sein du système éducatif. »
Le jeu des acteurs est excellent et Renate Reinsve que j’avais beaucoup aimée dans Julie (en 12 chapitres) est impressionnante, passant par tous les registres du plus attendrissant au plus effrayant.
Le scénario est magistral, construit comme une lente progression vers … le doute. Il ne laisse aucun répit au spectateur sauf dans une scène que je ne vous dévoilerai pas. Qui ment ? Où se trouve la vérité ?
Au fil des révélations, subtilement distillées par le scénario, nous devinons la complexité des relations entre les acteurs de ce drame.

France Soubeyran