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AMERICANO

Mathieu Demy (France 2011)

Géraldine Chaplin, Chiara Mastroianni, Salma Hayek, Mathieu Demy, André Wilms

105 min.
18 janvier 2012
AMERICANO

Mathieu Demy est-il « Le garçon formidable » du film d’Olivier Ducastel ou le jeune homme un peu coincé, un peu prétentieux, un peu trop « fils-de » qui a besoin pour secouer le joug d’une mère - cinéaste renommée, Agnès Varda, de la tuer par pellicule interposée.

Avatar d’un Œdipe appendu depuis longtemps aux guêtres d’une Jocaste à l’autoritaire réputation ?

C’est en mélangeant fiction, quête du « je » et hommage au cinéma de ses parents que Demy Junior choisit de dresser un portrait à la fois de ce qu’il est aujourd’hui et du chemin qui l’a amené à devenir un quadragénaire en recherche de parcours émancipateur.

D’ascendants dont les talents et gloires peuvent être, comme le boa, « constrictants ».

Il n’y a pas d’âge pour couper le cordon ombilical Tout comme il n’y a pas de recette pour le couper sans faire ou se faire souffrir.

Il y a juste une nécessité tiraillée entre mélancolie, peur et désir de se séparer du passé, de faire le deuil (et non pas de la porter) du petit garçon qu’on a été, de remettrer la toute puissance parentale à sa place - être un élément important mais pas asphyxiant de sa personnalité.

Martin, une autre façon de dire Mathieu, vit avec Claire. Celle-ci lui fait part de son désir de maternité. Il apprend la mort de sa mère et décide de partir à Los Angeles pour à la fois s’occuper des funérailles et mettre de l’ordre dans ses souvenirs.

Pour y arriver Martin/Mathieu revisitera les images du « Documenteur » réalisé par Agnès Varda en 1981 durant son séjour californien et sa séparation d’avec Jacques Demy, rencontrera différents personnages de son enfance et réinventera à sa façon l’imaginaire avec lequel son père a déboulé dans le monde du 7ème art - dommage que Salma Hayek soit à Anouk Aimée dans "Lola" ce que les œufs de lompe sont au sevruga.

Passages abscons parfois (comme le long périple au Mexique), nostalgiques souvent, traumatiques sans doute mais en tout cas passages obligés desquels Martin/Mathieu sortira apaisé.

Prêt à ne plus vivre dans l’ombre de la vie des autres.

Prêt enfin à mener la sienne. A sa façon.

Surprenante et inventive comme la bande son de Grégoire Hetzel. Hésitante et un peu maladroite comme l’esthétique du film.

Mais enfin consciente de ce qui fait la force d’un créateur : une vulnérabilité assumée. (mca)