Chronique musicale
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ACROSS THE UNIVERSE

Julie Taymor (USA 2007 - distributeur : Sony Pictures)

Evan Rachel Wood, Jim Sturgess, Dana Fuchs, Joe Anderson

128 min.
12 décembre 2007
ACROSS THE UNIVERSE

Il y a de multiples façons de rendre hommage à des artistes. On peut les célébrer dans des biopics, des biofictions, des dessins animés, des récits flamboyants, des adaptations théâtrales, des captations de concerts . (*).

Julie Taymor a choisi une autre voie pour revisiter les tubes des « fabulous four » plus connus sous le nom des Beatles.

Dans le film que leur consacrait en 1965 Richard Lester (**), ils poussaient un cri « Help ».
Dans celui de Juliet Taylor, leurs chansons - du moins trente trois d’entre elles hélas non sous-titrées - servent de toiles de fond à l’idylle de deux jeunes gens des années 1960.

Jude travaille dans les chantiers navals de Liverpool. Il embarque pour les Etats-Unis à la recherche de son père. Il y rencontre Lucy et les grands problèmes de l’époque : la drogue, le Vietnam, la contre-culture, le black power.

« Across… » débute comme une joyeuse fantaisie rythmée par les premières chansons plutôt naïves du tandem Lennon/McCartney. Ensuite le ton se dramatise pour tenter de coller aux espoirs et déceptions d’une génération dont les rêves se coltineront aux puissances de l’argent et de la politique.

S’il est aisé et même réjouissant d’adhérer au parti pris de la réalisatrice d’offrir aux acteurs la possibilité de donner vie aux chansons en les interprétant en live, assez vite cette façon de dialoguer l’histoire perd de sa fraîcheur et devient même carrément lourdingue lorsque « Strawberry fields » ou « Helter Skelter » sont utilisés avec une inadéquate (ridicule ?) démesure.

Les acteurs, notamment Jim Sturgess et la jeune Evan Rachel Wood - une des héroïnes du « Thirteen » de Catherine Hardwicke - apportent à cette comédie musicale une bien sympathique grâce.

Pourtant même aidés par les prestations ponctuelles et convaincantes de Bono, Joe Cocker, et … Salma Hayek inattendue dans un rôle d’infirmières démultipliées, leur fraîcheur et enthousiasme ne suffisent pas pour qu’ « Across… » tienne les promesses d’un mélange réussi entre la réalité et le kitsch.

Manquent peut-être à cette réalisation d’une auteure qui avait épaté par l’originalité de son « Titus » ce grain de folie que l’on retrouve dans les clips créés pour les chansons de Paul McCartney (***) et cet esprit libertaire du « Hair » de Milos Forman.

Trop sentimentalo-poétique et pas assez contestataire, « Across … » donne envie de faire un bond dans le temps et d’aller revisiter illico presto le « Pink Floyd the wall » d’Alan Parker. (m.c.a)

(*) Respectivement « Ray » de Taylor Hackford, « Copying Beethoven » de Agnieszka Holland, « Yellow submarine » de George Dunning, « Velvet goldmine » de Todd Haynes, « Amadeus » de Milos Forman inspiré par l’excellente pièce de Peter Schaffer, « Stop making sense » de Jonathan Demme …
(**) Récemment remis dans le circuit public sous la forme d’un coffret de 2 DVD Apple Emi très documentés
(***) Clips collectés dans un triple DVD Warner