Adaptation d’une pièce de théâtre
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360

Fernando Meirelles ( GB/Brésil/France/Autriche 2012)

Rachel Weisz, Anthony Hopkins, Jude Law, Jamel Debbouze

110 min.
15 août 2012
360

« Ce qu’il y a de plus étonnant, c’est qu’au milieu des splendeurs de la vie, on sente de loin la mort approcher » - Arthur Schnitzler.

Celui-là même qui par son oeuvre publiée en 1900 ayant pour thème la relation et plus précisément le commerce amoureux a inspiré en 1950 "La ronde" de Max Ophuls et l’une des plus mélancoliques méditations sur le fait que le désir, parce qu’il est éphémère, mène rarement au bonheur.

Si l’approche de l’écrivain ne manquait pas, pour son époque, d’audace « sociale » en nous montrant que de la grisette au grand bourgeois les frissons de l’amour physique sont les mêmes, si celle d’Ophuls récelait un pessimisme tenace sous des apparences de légèreté, celle de Fernando Meirelles, dans sa relecture de la pièce de théâtre originelle, manque d’intérêt. De profondeur.

Malgré un casting de qualité (Jude Law, Anthony Hopkins notamment) et une accroche qui conserve à Vienne son statut de mise à l’étrier des « manèges » à venir, « 360 », malgré quelques scènes esthétiquement réussies, part vite en vrille.

En vrille spatiale en raison du choix de cinéaste de mondialiser (Bratislava, Paris, Londres, Denver …) comme l’a fait, mais avec intelligence et gravité, Alejandro Inarritu dans « Babel », un propos qui aurait gagné à être plus resserré.

Et traité avec subtilité pour éviter au spectateur d’être embarqué, chaque fois qu’il est sommé, par une mise en scène qui fait de la bougeotte un toc, de changer de moyen de locomotion (avions, autos …) dans une enfilade de clichés, de dialogues inutiles, de situations aussi convenues que l’est la présence de coquillages sur une plage désertée par la marée.

En vrille anecdotique qui transforme l’ordre méthodique des rencontres chez Schnitzler et Ophuls en erratique enfilade de sketches dont les constats désarçonnent (ou rendent sarcastisques) par la naïveté de leur conclusion : les êtres humains sont fragiles, cette fragilité les rend touchants, perméables aux coïncidences et incurablement addicts à la quête affective.

Avec « 360 » on est loin du choc réaliste de « Citado de Deus », de l’élégance passionnante de « The constant gardener ».

On est plus proche, par sa sursignifiance, sa vacuité et sa moralité appuyée de la lourde métaphore de « Blindness »

« 360 » dans le langage de l’image c’est une ronde ou un tour complet de la camera sur elle-même - c’est elle qui, sans doute, donne au film son intriguante sveltesse visuelle.

C’est aussi en langage du quotidien, revenir à un point de départ.

Celui du libre arbitre propre à chaque spectateur de se déclarer déçu de ne pas avoir trouvé chez Meirelles cette cohérence qui se dégage des films chorals, quand ils arrivent à s’élever au-dessus des tourments de chacun des personnages pour atteindre une harmonie secrète.

Une sorte de beauté qui, à distance, unit ceux qui semblent loin les uns des autres. (mca)