Thriller social
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13M2

Barthélémy Grossman (France 2006 - distributeur : Actor's Studio)

Barthélémy Grossman, Lucien Jean-Baptiste, Youssef Hadji, Bérénice Bejo

84 min.
29 août 2007
13M2

L’enfer a maintenant sa surface. Elle a 13M2.

José, Farouk et Reza sont des malfrats. Jeunes et de petite envergure. Ils décident d’attaquer un fourgon blindé pour rembourser les dettes de l’un d’eux. L’aventure tourne mal et les compères trouvent refuge dans une planque dont les dimensions donnent au film son titre.

Et sa contention qui prend très vite une dimension sartrienne. De celle qui fait dire à l’un des personnages de « Huis clos » (*) « Le bourreau, c’est chacun de nous pour les deux autres. »

Très vite, la mésentente s’installe dans le trio, révélant les faiblesses de chacun et la dangerosité des liens qu’il souhaite maintenir avec le monde extérieur.

Portrait à la fois individuel et de groupe, « 13M2 » s’inscrit dans une approche crépusculaire du vide d’avenir que les banlieues pauvres proposent à leurs jeunes adultes.

Avec en bandoulière, le cri de ceux que la vie a déconnectés très tôt de tout espoir d’insertion sociale « J’veux pas crever pauvre, p… » , le réalisateur cogne et frappe aux barreaux d’une réalité qui laisse bien peu de champ d’action honnête à ceux qu’elle exclut.

Il y a de la violence et du tragique dans « 13M2 », mais aussi une pugnacité sociale - plutôt rare dans le cinéma français - qui rappelle celle du jeune José Giovanni lorsqu’il décrivait la vie des prisonniers de la cellule 6 de la IIème division de Fresnes dans son livre « Le trou » porté à l’écran par Jacques Becker.

Le cinéma pour Barthélémy Grossman est ce que la littérature représente pour Kafka (**) : un engagement de l’être entier. Avec en l’occurrence un endossement par le réalisateur des casquettes de producteur, acteur et scénariste.

« 13M2 » a de la cadence, du charisme et du coffre. Il ne lui manque qu’un dégommage des tics propres aux autodidactes débutants qui mélangent, avec une ardeur vagabonde et inégale, le foutraque et le conventionnel.

(m.c.a)

 
(*) la pièce de Jean-Paul Sartre créée en 1944 au théâtre parisien du Vieux-Colombier
(**) « Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ?  »- lettre du 9 novembre 1903 adressée à Oscar Pollak (in « Correspondance » parue aux éditions Gallimard)