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LA SOURCE DES FEMMES

Raidu Mihaileanu (France 2011)

Hiam Abbas, Leïla Bekhti, Hafzia Herzi, Saleh Bakri (*)

124 min.
9 novembre 2011
LA SOURCE DES FEMMES

Il était une fois ….Suffit-il de donner à un film la forme d’un conte pour que beaucoup lui soit pardonné ?

 

Quelque part entre le Maghreb et la péninsule arabique, un village perdu dans la rocaille brûlée de soleil.

 

Les hommes y passent la journée au bistrot, les femmes sur le chemin long et dangereux vers le seul point d’eau de la région.

Un jour, l’une d’entre elles suggère qu’il n’existe un seul moyen de contraindre leurs époux à prendre en charge cette tâche ingrate : la grève de l’amour.

Occasion de se rendre que les modes d’expression sont eux aussi soumis à la fashion tendance du « it ». Si chaque année la mode impose le « it bag », le « it coat », le 7ème art connaît lui aussi la « it référence ».

En 2011 ce sera le revival d’Aristophane (**) et de son héroïne Lisystrata qui a refusé toute relation sexuelle tant que la paix n’est pas revenue entre les villes d’Athènes et de Sparte.

Il est évident difficile, voire impossible de ne pas adhérer à la justesse de l’intention de Radu Milaileanu qui vise à souligner la paresse des hommes, l’irresponsabilité des pouvoirs publics qui rechignent à amener l’eau au cœur du village, à rendre hommage au courage des femmes.

Et à épingler, comme s’il s’agissait d’une check list à cocher, les points faibles de la société arabo-musulmane : intégrisme, machisme, illettrisme, violence conjugale, mariage forcé, poids des traditions


Il est plus facile de se distancier de la façon dont le réalisateur choisit de traiter son sujet : absence de nuances, présentation quasi folklorique des coutumes et usages locaux, mise en scène proche du formatage des documentaires qui cartonnent aux « explorations du Monde », gros plans appuyés (abusifs ?) sur la beauté des visages féminins, réduction de la richesse complexe du Coran à quelques versets simplificateurs.

Sans oublier un traitement du temps à l’orientale, c’est-à-dire abusivement étiré et redondant.

Déjà dans « Va, vis et deviens » et « Le concert », Milhaileanu déforçait l’humanisme d’un propos par un point de vue lourdement démonstratif et en péril-isait la générosité par un déséquilibre entre un fond qui interpelle et une forme qui puérilise.

Si de cette cinématographie bétonnée à la truelle émerge l’idée (qui n’a plus rien d’un scoop depuis Louis Aragon et Jean Ferrat) que « la femme est l’avenir de l’homme », émerge surtout celle plus problématique d’hommes vissés à leurs habitudes.

De glandeurs (sauf quelques rares exceptions) en terrasse de café. Là où la caméra les saisit en début et en fin de film.

Comme s’ils étaient demeurés étrangers à ce qui s’est passé. (mca)

 

(*) le bel acteur de " la visite de la fanfare" d’Eran Kolirin
(**) « Et maintenant on va où » de Nadine Labaki