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Coup de coeurLES BEAUX GOSSES

RIAD SATTOUF (France - distribution : Alternative Films)

Vincent Lacoste, Noémie Lvovsky, Alice Tremolières, Emmanuelle Devos, Irene Jacob, Marjane Satrapi

90 min.
24 juin 2009
LES BEAUX GOSSES

Petite Cousine française de “Juno”, “Les Beaux Gosses” décrit lui aussi un univers lycéen, en déployant une approche similaire dans la description des affects et émotions des jeunes. Il n’y est pas question d’un sujet aussi important que la grossesse chez les ados, néanmoins, le film aborde mine de rien plusieurs thèmes sensibles tels que la relation avec les parents, la découverte de son corps ou les relations amoureuses.

Hervé, 14 ans, physique ingrat et intelligence moyenne, n’a qu’une idée en tête : les filles. Sauf que ces gentes dames ne sont pas franchement évidentes à cerner. Il ne sait comment les approcher, leur parler, ni réagir face à ces êtres étranges. Alors Hervé, entouré de ses potes, fantasme grave. Il s’entraine à embrasser le miroir de la salle de bain, teste ses pulsions sur les pages lingerie de “La Redoute”, bref, se prépare, pour le moment où. Mais lorsque le fameux moment arrive et qu’Aurore, une des plus jolies filles de sa classe, s’intéresse à lui, Hervé réalise brusquement qu’il n’est pas tout à fait prêt.

“Les Beaux Gosses” se caractérise par un comique de situation et s’articule autour de personnages croustillants. Riad Sattouf, venant de la BD, a l’art de créer des types, des personnages qui se donnent tout entier par leur apparence, leur manière de parler et leur démarche. Il y a le nerd, la tête de turc, l’intello, la belle. Ca sonne stéréotypé et pourtant ça ne l’est pas.

D’abord parce que les casteurs du film ont longuement parcouru les écoles de Paris pour trouver des jeunes susceptibles de se fondre dans la peau des personnages de Riad Sattouf. Les acteurs affichent de ce fait une sorte de réalisme évident, évitant ainsi toute sensation d’interprétation forcée. N’en déplaise à certain, si ils semblent mous, fades, ou carrément lents, c’est que d’une manière ou d’une autre, ils le sont réellement.

Ces personnages typés fonctionnent également de par la véracité de ce qu’ils incarnent. Sattouf est parvenu à aller chercher le détail qui tue, le petit rien qui fait qu’on y croit. Mieux, qu’on s’y retrouve. Entre la coupe de cheveux façon année 80 de Camel et la frange parfaite de Laura, on perçoit toute une attitude, une manière d’être.

Cosignant le scénario et les dialogues du film, Riad Sattouf fait preuve d’un sens du dialogue évident. Il crée des petits bijoux de répliques qui ont un effet immédiat. Entre des personnages délicieusement croqués et un sens de la phrase qui fait bœuf, Riad Sattouf crée un univers qui lui appartient, à la fois singulier et proche des souvenirs que l’on garde de l’adolescence. Un monde coloré par une chouette bande son entrainant le spectateur dans le délire de ces jeunes, tout en le ramenant à des évocations nostalgiques personnelles.

Le seul bémol que l’on pourrait adresser à cette comédie est son relatif manque de relief. On ressent quelque fois le passé de bédéiste de Sattouf de façon trop prégnante. Son aptitude à croquer des profils précis, bien qu’efficace, se révèle parfois insuffisant à donner de l’ampleur à ses personnages. Comme si les protagonistes n’étaient que des silhouettes de carton pâte évoluant en deux dimensions dans le cadre.

Malgré tout, “Les Beaux Gosses” est une très bonne comédie, tout en légèreté au regard des autres comédies française, souvent chaussées de lourds sabots. Riad Sattouf signe un premier long métrage frais et divertissant, convaincant tant au niveau de son scénario que de sa réalisation. (justine gustin)