Réflexion citoyenne
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ENTRE LES MURS

Laurent Cantet ( France - distributeur : Cinéart)

François Bégaubeau, Nassim Amrabt, Laura Baquela, Juliette Demaille,...

128 min.
1er octobre 2008
ENTRE LES MURS

Tenter de pénétrer l’univers d’une école difficile, d’en cerner les multiples facettes, positives comme négatives, est une entreprise périlleuse. Parce qu’elle implique une prise de position, un regard qui ne peut être neutre sur cet univers fermé.

Une vision qui est forcément parcellaire et donc, lacunaire. Mais qui a au moins le mérite d’essayer d’appréhender une part de cette réalité qu’est l’école.

Dans « Entre les murs », le parti pris est tout d’abord spatial. Comme son titre le suggère, on ne sort jamais de l’enceinte de l’école.

Il s’agit en effet de capter ce qui se passe entre ces hauts murs de l’établissement scolaire, sans chercher à l’extérieur quelques éléments explicatifs du comportement des élèves ou des professeurs. La volonté déployée est de se centrer sur les personnes qui gravitent dans cette atmosphère si particulière.

Un lieu particulier organisé par une série de règles, à l’architecture dictée par le besoin de surveiller ceux qui y évoluent. Un espace marqué aussi par un objectif essentiel ; celui d’éduquer.

D’essayer de comprendre les adolescents, dans leur évolution comme dans leurs révoltes, pour tenter de se faire entendre d’eux. Et peut-être, de leur enseigner quelque chose.

« Entre les murs » ne va pas plus loin. Le film se focalise sur ce processus complexe qu’est l’apprentissage scolaire.

C’est un microcosme que le réalisateur passe au crible de sa caméra, analysant au travers de la vie d’une classe particulière le fonctionnement du monde de l’enseignement.

Par la bouche de son comédien et scénariste François Bégaudeau, Cantet souligne à quel point il est compliqué de se faire écouter par ces jeunes adultes en rébellion, tout comme il est parfois difficile de s’entendre avec le reste du corps enseignant.

Il n’est jamais question dans « Entre les murs » de problèmes majeurs rencontrés par la jeunesse actuelle tels que l’alcool, la drogue ou les soucis familiaux. 

Si ce choix de ne traiter que du monde scolaire en tant que tel laisse parfois une sensation de trop peu, de manque, on ne peut nier que ce parti pris fait la cohérence du film. C’est cette obstination à ne traiter que de cet univers exigu et surchauffé des salles de classe qui donne à « Entre les murs » son sens.

Parce que le film touche de plein fouet à la difficulté de communiquer au sein de ce type de structure. Alors que « Entre les murs » consiste majoritairement en une suite de joutes verbales entre élèves et professeurs, le constat essentiel qui émane du film est qu’il est extrêmement complexe de parler et de se faire entendre dans l’enceinte d’une école.

Cet entêtement thématique alourdit le film parce qu’il l’ampute d’une possible dimension émotive. On a parfois la désagréable sensation d’être face à la monstration d’une thèse plus que face à un long métrage de fiction.

Mais ne fût-ce ce que pour cet accent porté sur une problématique que l’on n’aborde que peu souvent au cinéma, « Entre les murs » vaut la peine d’être vu. 

(Justine Gustin)