Comédie burlesque
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OSS 117 - LE CAIRE NID D’ESPIONS

Michael Hazanavicius (France 2006 - distributeur : Belga Films)

Jean Dujardin, Bérénice Bejo, Aure Atika

99 min.
19 avril 2006
OSS 117 - LE CAIRE NID D'ESPIONS

De Brice à Bruce ou le parcours irrésistible de Jean Dujardin.

Entre la fable burlesque dans lequel, adul-escent mal aimé, il se fait un plaisir de « casser » tout le monde par ses réparties et la parodie réussie d’un espion colonialiste, iconoclaste, macho, homophobe, raciste, imaginé par Jean Bruce (7 ans avant James Bond) il y a un point commun, un levier phénoménal qui transcende, avec malice, les faiblesses des scénarii : la présence d’un acteur maniant, avec une aisance confondante, le 2ème voire le 3ème degré.

Hubert Bonisseur de la Bath, agent secret français, est sommé, par le Président Coty, de rétablir la sécurité dans une Egypte tiraillée entre le possible putsch d’un roi déchu pour retrouver son trône, une secte religieuse aux visées ouvertement terroristes et une coterie crypto nazie.
Sa couverture, en ces temps de trouille aviaire, vaut son pesant de cocasserie moqueuse : il sera directeur de la société des Poulets Cairotes…

Les années qui servent de toile de fond à l’intrigue offrent aux spectateurs de réjouissantes
occasions de chercher les modèles dont s’est inspiré Dujardin : Rock Hudson et son sourire-à-38
quenottes, Gary Grant et ses costumes impeccablement coupés, Sean Connery et sa mobilité sourcilière, Jean-Paul Belmondo et son côté « Magnifique »

Si « OSS 117 » fait ostensiblement référence à des chefs d’œuvre du cinémascope hitchockien (« L’homme qui en savait trop » « La main au collet » ) et à des scènes copiées-collées des mythiques « Casablanca » et « Tant qu’il y a des hommes », il regorge aussi de sympathiques renvois à d’autres films moins unanimement encensés. Sans doute parce que leur côté insensé et grotesque les prive d’un certain crédit de qualité cinématographique : de penser aux parodies dans lesquels flamboient Leslie Nielsen (« Y-a-t-il un pilote dans d’avion I ? »), Mike Myers (« Austin Powers ») ou Brendan Fraser (« La Momie »).

Par son manque de prétention, sa volonté de se cantonner dans le genre pastiche franchouillard
« OSS 117 » désamorce la virulente condescendance de certains propos (« Qu’auriez-vous fait sans les Occidentaux ? » ou d’ attitudes (le saccage du rituel de l’appel à la prière matinale par le muezzin) qui, dans un autre contexte, auraient déclenché les foudres des défenseurs de la pensée unique.

Comme quoi la dérision lorsqu’elle est maniée avec intelligence et humour laisse, on le sait depuis Lubitsch, la porte ouverte à la pensée librement formulée et permet à celui qui la franchit de se prétendre un cousin de Voltaire ou de Shakespeare.

Un cousin parfois débile il est vrai mais tellement incoerciblement bluffant. (m.c.a)