Drame
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RESERVATION ROAD

Terry George (USA 2007 - distributeur : Kinepolis Film Distribution)

Jennifer Connelly, Mira Sorvino, Joaquim Phoenix, Mark Ruffalo

102 min.
12 mars 2008
RESERVATION ROAD

Si l’on prend le mot « reservation » dans une de ses significations possibles : la réserve qui n’oblige à aucun engagement, ce film - petit par son scénario et sa terne mise en scène - est bien le reflet d’un certain 7ème art (le mot technique conviendrait mieux) qui vise avant tout à faire de la pellicule sans beaucoup se soucier de ce qui s’y imprime.

Bref cette « … Road » remplit l’obligation d’un cinéma fait pour le spectateur plus soucieux de passer le temps, un samedi soir pluvieux, que de trouver un point de vue à l’histoire qui lui est proposée.

Histoire qui, aussi solidement charpentée soit elle, cesse d’emporter la conviction à partir du moment où elle prend, inutilement et hollywoodiennement, une ( trop) improbable tournure mélodramatique.

Un père de famille, Ethan, décide de mener lui-même l’enquête qui pourrait l’amener à retrouver le chauffard responsable de la mort de son fils.

Film sur l’infinie et corrosive rumination des esprits, que ce soit par le désir de vengeance ou la
culpabilité, « Reservation… » est une chaufferette de toutes les situations et attitudes censées
exprimer la douleur et le désarroi.

Malgré la volonté manifeste des acteurs - masculins surtout et Joachim Phoenix tout spécialement - de faire ce qu’ils peuvent pour brider un émotionnel de commande, « Reservation… » aboutit à l’inverse de ce qui est recherché. Il fait sourire au lieu de compatir. Il ennuie au lieu de captiver.

Le seul excès évité par ce film est de ne pas être un plaidoyer pour l’auto justice (« Death wish » de Michael Winner). Dommage qu’il ne se soustrait pas, avec la même évidence, à celui de la tragédification familiale ….

Le regret qu’il suscite c’est de passer à côté de ce qui aurait pu être une étude subtile des conséquences et des enjeux moraux d’un délit de fuite.

Si l’on compare « Reservation … » à la puissance avec laquelle Andrea Arnold dans « Red road »
traite du deuil et des difficultés à surmonter la mort accidentelle de proches, il est certain que le premier ne sort pas gagnant du rapprochement.

Et ne suscite aucune urgence à se précipiter sur son téléphone ou son PC pour… réserver un ticket de cinéma. (m.c.a)

(*) Auquel on doit « Hotel Rwanda » présenté en coup de cœur mensuel CinéFemme en 2006.