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LES FEMMES DE L’OMBRE

Jean-Paul Salomé (France 2008 - distributeur : Cinéart)

Julie Depardieu, Sophie Marceau, Marie Gillain, Déborah François, Maya Sansa

118 min.
5 mars 2008
LES FEMMES DE L'OMBRE

Pourquoi diable les avoir sorties de l’ombre si c’est pour en faire des greluches ?
Pourquoi diable avoir rendu à ces combattantes un hommage tellement maladroit qu’il en devient grotesque ?

Grotesque pour la mémoire de ces femmes qui, durant la Deuxième Guerre Mondiale, se sont battues avec un courage égal à celui des hommes contre l’occupant ou le collaborant.

Grotesque particulièrement pour la mémoire de Lise Villameur (*) dont Sophie Marceau joue l’avatar sous le nom de Louise Desfontaine.

Elles sont cinq - comme dans le club du même nombre qui ici ne part pas en vacances mais en résistance - à avoir pour mission d’exfiltrer, quelques jours avant le débarquement en Normandie des troupes alliées, un agent britannique tombé aux mains des nazis.

La petite troupe, vaillamment cornaquée par la jolie Sophie, est plutôt hétéroclite : une chimiste catho spécialisée en explosifs, une juive, une prostituée et une danseuse de cabaret qui fut - pourquoi ne pas donner au scénario son poids d’invraisemblance poivrée ? - la maîtresse adorée d’un officier SS dont elle a eu un enfant….

Sur cette trame qui aurait fait les délices de Barbara Cartland ou des romans-photos des années cinquante, Jean-Paul Salomé va enfiler une succession de saynètes dans laquelle chacune de ses actrices - dont la plupart ne tire aucune épingle du jeu grossier dans lequel elles ont été embarquées – aura droit à un numéro de polichinelle.

Mascarade de la scène de torture et disparition dans le brouillard à la Marlène Dietrich dans "Shanghai Express" pour une Sophie-toujours-aussi-jolie-quoi-qu’il-arrive, strip-tease de diversion pour Julie et Marie, suicide cyanurisé et en position christique ( !) pour Déborah et sang froid à toute épreuve pour Maya.

Bref que du courage tartiné comme Nutella sur pain brioché.

On enrage devant cette guignolerie. On enrage d’autant plus que le film passe complètement à côté d’une précieuse occasion de saluer l’engagement et la bravoure de ces femmes, qui souvent en retrait et modestement, ont œuvré à extirper leur pays des poings de l’assaillant.

On se doutait que Jean-Paul Salomé (**) n’allait pas apporter à ses héroïnes la grandeur de Simone Signoret dans « L’armée des ombres » de Jean-Pierre Melville ou même la crédibilité du « Lucie Aubrac » de Claude Berri.

On ne se doutait pas qu’il allait réduire leur rôle à celui de comiques troupières. (m.c.a) 

(*) Membre historique du SOE (Special Operations Executive), les services secrets créés par Winston Churchill pour espionner, saboter et résister à l’ennemi.
(**) Il a l’habitude de « cornichonniser » les grandes figures : « Arsène Lupin », « Belphégor ».