Adaptation d’un livre
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SURVIVRE AVEC LES LOUPS

Vera Belmont (Belgique/France/Allemagne 2007 - distributeur : Victory Films)

Mathilde Goffart, Yaël Abecassis, Guy Bedos, Michèle Bernier

155 min.
21 novembre 2007
SURVIVRE AVEC LES LOUPS

Les adolescents ont « Le journal d’Anne Franck » pour entrer dans les horreurs de la deuxième guerre mondiale. Les enfants auront Misha, la jeune héroïne de « Survivre avec les loups » pour entrer dans ces mêmes horreurs.

Puisqu’il paraît que les jeunes lisent de moins en moins, c’est une bonne idée que celle de Véra Belmont d’avoir adapté pour le cinéma une histoire qui fut d’abord un livre afin de leur raconter une tragédie. Qui, parce que vécue par quelqu’un de leur âge, retiendra leur attention plus sûrement que les pages des manuels d’Histoire.

La quatrième de couverture du roman présenté comme autobiographique (*) de Misha Definseca imprime en deux phrases courtes une respiration haletante à l’incroyable résistance - Cyrulnik dirait résilience - d’une enfant au Malheur : « J’étais une petite fille lorsque j’ai fui leur monde. On m’appelait Misha, j’étais juive et j’avais 7 ans. »

La France en 1941. Les parents de Misha sont arrêtes par la gestapo. Elle décide de partir à leur recherche vers un Est lointain. Son chemin croisera celui protecteur des loups et dangereux des hommes.

Parce qu’elle n’a pas rencontré un Michel Simont, le pépé attachant du « Vieil homme et l’enfant » de Claude Berri, Misha connaîtra peu de répit, à l’exception d’une pause avec un Guy Bedos étonnamment sobre, durant cette quête qui la fera traverser une Europe barbarisée par les Nazis.

Deux bémols à notre intérêt. Une dilution inutile de l’essentiel dans une suite de saynètes anecdotiques, répétitives et parfois peu crédibles. Une franchise qui aurait pu gagner en force si les dérapages émmotionnels et identifications tire-larmes avaient été, plus séchement, maintenus à distance. Vera Belmont n’est pas le Louis Malle d’ "Au revoir les enfants".

Néanmoins "Survivre..." possède, et pour cela beaucoup lui est pardonné, une éloquence persuasive pour faire comprendre à un jeune public qu’Alfred de Vigny n’est jamais loin : l’homme peut être un loup pour ses semblables.

Non pas le loup sauveur de la grotte de Lupercal dans laquelle Romulus et Rémus ont été allaités, l’Akéla du « Le livre de la Jungle » de Kipling ou encore la meute qui, dans le film d’André Hunebelle « Le miracle des loups », protège une jeune fille perdue dans la neige. 

Mais le loup sauvage et cruel, incarnation du Mal absolu comme dans la sordide série de Don Edmonds « Ilsa, la louve ss », surnom donné à une gardienne de camps de concentration.

S’il n’a pas l’envergure du « Journal d’Anne Franck » de George Stevens, « Survivre.. . » porte un témoignage sur une période dont le souvenir ne doit pas être perdu.

A voir avec les enfants à partir de 8 ans pour que ne s’arrête pas la transmission générationnelle d’un moment de l’Histoire - La Shoah - que certains souhaiteraient remiser au tiroir des "drames à classer". (m.c.a)

(*) Qui, en fait, semble plus ressortir d’un genre hybride, l’autofiction, qui mêle événements réels et souvenirs imaginarisés.